Biographie d’Eugène Delacroix

Jeunesse et formation (1798-1821)

 

1798. 26 avril (7 floréal an VI)
Naissance d’Eugène Delacroix à Charenton-Saint-Maurice (Val-de-Marne), fils de Charles Delacroix (1741-1805), alors ministre plénipotentiaire aux Pays-Bas et de Victoire Œben (1758-1814), fille du célèbre ébéniste de Louis XV. Il a une sœur, Henriette, et deux frères : Charles et Henri.

Entre 1800 et 1806
La famille de Delacroix s’installe à Marseille, puis à Bordeaux où Charles exerce les fonctions de préfet ; à la mort de ce dernier (1805), elle revient à Paris. Delacroix fréquente alors le lycée impérial (actuel lycée Louis-le-Grand).

1813
Delacroix passe l’été à Valmont, près de Fécamp, chez son cousin Bataille. Jusqu’en 1817, il y retournera chaque année.

1814
La mort de sa mère, le 3 septembre, laisse le jeune homme dans une situation très précaire.

1815
Delacroix entre en octobre dans l’atelier de Pierre Guérin (1775-1843). L’année suivante, il étudie à l’Ecole des Beaux-Arts.

1819
Il reçoit sa première commande, La Vierge des Moissons, pour l’église d’Orcemont (près de Rambouillet).

1820
Géricault (1791-1824), élève comme lui de Guérin, lui propose de réaliser à sa place un tableau destiné à la cathédrale de Nantes : Le Triomphe de la Religion dit aussi La Vierge du Sacré-Cœur (Ajaccio, cathédrale).

 

 

Les années romantiques (1822-1831)

 

1822
Delacroix expose pour la première fois au Salon. Dante et Virgile aux enfers (Paris, musée du Louvre) est accueilli très diversement par les critiques ; l’Etat s’en porte néanmoins acquéreur.

En septembre, Delacroix commence à rédiger son Journal. Il le continuera jusqu’en 1824, puis le reprendra en 1847.

1824
La ville de Paris commande à Delacroix une peinture pour l’église Saint-Paul-Saint-Louis : Le Christ au jardin des Oliviers. Il présente au Salon quatre peintures dont Scènes des massacres de Scio (Paris, musée du Louvre) inspiré de la guerre d’indépendance grecque, œuvre diversement appréciée.

1825
Delacroix fait un séjour en Angleterre (19 mai-fin août), où il découvre les peintres (Etty, Lawrence, Reynolds...) et le théâtre anglais.

1826
En mai, une exposition organisée au profit des Grecs s’ouvre à la galerie Lebrun. Delacroix y expose plusieurs tableaux dont La Grèce expirant sur les ruines de Missolonghi (Bordeaux, musée des Beaux-Arts).

1827-1828
Au Salon, dont l’ouverture est tardive cette année là, Delacroix ne présente pas moins de treize peintures auxquelles il ajoute au début de l’année 1828, La mort de Sardanapale (Paris, musée du Louvre). L’œuvre fait scandale, mais est toutefois achetée par l’Etat.

Il publie une suite de dix-sept lithographies illustrant le Faust de Goethe.

La ville de Nancy lui commande La mort de Charles le Téméraire (dite aussi La bataille de Nancy ; Nancy, musée des Beaux-Arts).

1831
Le 4 mars, Delacroix est nommé chevalier de la Légion d’honneur.

Il expose au Salon onze œuvres. Parmi celles-ci, La Liberté guidant le peuple (Paris, musée du Louvre) que le roi Louis-Philippe fait acheter pour le musée Royal.

Le 5 décembre, Delacroix est invité à se joindre à la mission extraordinaire conduite par le comte de Mornay au Maroc.

 

 

Le voyage en Afrique du Nord (1832)

 

1er janvier
La mission diplomatique française envoyée auprès de l’empereur du Maroc, Muley-Abd-err-Rahman et dirigée par le comte Charles de Mornay, quitte Paris pour se rendre à Toulon, lieu d’embarquement.

25 janvier
Delacroix arrive à Tanger. Le lendemain, il commence à noter et à dessiner ses impressions sur le premier des célèbres carnets de croquis, dits carnets du Maroc. Le soir, il complète ses dessins à l’aquarelle.

21 février
Delacroix, qui depuis un mois rend visite à la famille Benchimol, assiste par leur intermédiaire à une noce juive.

15 mars
La délégation arrive à Meknès, dans l’attente de l’audience impériale. Celle-ci est accordée le 22 mars.

13 avril
La délégation revient à Tanger.

16 mai-21 mai
Charles de Mornay, Antoine Desgranges et Delacroix débarquent à Cadix, puis le peintre se rend seul à Séville où il demeure huit jours.

31 mai
Ils reviennent à Tanger.

10 juin
La mission quitte définitivement le Maroc, en passant par Oran puis Alger où elle reste quatre jours. C’est dans cette ville que Delacroix a l’occasion de voir un harem.

5 juillet
La délégation arrive à Toulon.

De son séjour en Afrique du Nord, Delacroix a rapporté une multitude de dessins, aquarelles, esquisses et notes, ainsi que sept albums. Quatre d’entre eux sont parvenus intacts jusqu’à nous. Trois sont conservés au Paris, musée du Louvre et un au musée Condé à Chantilly.

Ce voyage a modifié profondément sa façon de peindre, notamment sa perception de la lumière.

 

 

Les années de synthèse (1833-1848)


1833
Au Salon, Delacroix expose quatre peintures et plusieurs aquarelles et dessins. Le 31 août, Delacroix reçoit sa première commande décorative : celle du salon du roi au palais Bourbon, achevé en 1837.

1834
Cinq peintures de Delacroix figurent au Salon, dont trois sont inspirées de son voyage en Afrique du Nord, comme Les femmes d’Alger dans leur appartement (Paris, musée du Louvre). Le 5 juillet, Louis-Philippe commande au maître pour les galeries historiques du château de Versailles, La bataille de Taillebourg. Buloz charge Delacroix de faire le portrait de George Sand. De cette rencontre, naît une amitié jamais démentie. Par George Sand, Delacroix connaîtra Chopin dont il deviendra aussi l’ami.

1835
Delacroix expose au Salon cinq peintures. Il réalise également Le combat du Giaour et du Pacha (Paris, musée du Petit Palais). Jenny Le Guillou entre à son service.

1836
Au Salon, une seule toile de Delacroix est accrochée, un Saint-Sébastien qui fut acquis par l’Etat pour l’église de Nantua (Ain).

1837
La bataille de Taillebourg est achevée ; c’est le seul tableau de Delacroix présenté au Salon.

1838
Cinq peintures de Delacroix figurent au Salon, dont la première version de Médée furieuse (Lille, musée des Beaux-Arts) qui remporte un franc succès. Il commence le Portrait de Chopin et de George Sand (laissé inachevé puis coupé en deux, le portrait de Chopin est conservée au musée du Louvre tandis que celui de George Sand se trouve à l’Ordrupgaardmuseum de Copenhague). En août, il est chargé de décorer la bibliothèque du palais Bourbon.

1839
Sur cinq œuvres soumises au jury, deux seulement sont acceptées au Salon : Cléopatre (Etats-Unis, Ackland Art Centre, Chapel Hill) et Hamlet (Paris, musée du Louvre). En septembre, Delacroix fait un bref séjour en Belgique et en Hollande en compagnie d’Elizabeth Boulanger "pour voir les Rubens".

1840
Au Salon, Delacroix expose La justice de Trajan (Rouen, musée des Beaux-Arts), œuvre qui ne fait, à nouveau, pas l’unanimité. Ayant reçu la commande, en juin, d’une peinture pour l’église Saint-Denys du Saint-Sacrement, à Paris, Delacroix choisit de réaliser une Pietà. Le 3 septembre, il est chargé de la décoration de la bibliothèque du palais du Luxembourg.

1841
Trois tableaux de Delacroix figurent au Salon : L’entrée des Croisés à Constantinople, Un naufrage et La noce juive (Paris, musée du Louvre).

1842
En début d’année, Delacroix subit sa première crise aiguë de laryngite. Il travaille conjointement à la bibliothèque du palais Bourbon et à celle du palais du Luxembourg. Il n’envoie rien au Salon. Premier séjour chez George Sand à Nohant. Il y peint l’Education de la Vierge (Paris, musée national Eugène Delacroix).

1843
Delacroix achève une suite de treize lithographies sur le thème d’Hamlet de Shakespeare, ainsi qu’une suite de sept lithographies inspirées du Goetz von Berlichingen de Goethe.

1844
En juin, Delacroix loue une petite maison à Champrosay (Draveil), près de la forêt de Sénart, où il faisait déjà de fréquents séjours auprès de ses amis Villot.

1845
Delacroix est représenté au Salon par cinq toiles dont Muley-Abd-err-Rahmann, sultan de Maroc, sortant de son palais de Meknès, entouré de sa garde et de ses principaux officiers (Toulouse, musée des Augustins). Début des relations entre Baudelaire et Delacroix.

Il séjourne un mois, entre juillet et août, aux Eaux-Bonnes, station thermale dans les Pyrénées.

1846
En mars, Delacroix expose au Salon trois peintures et une aquarelle. Le 5 juillet, il est promu officier de la Légion d’honneur.

1847
Delacroix reprend la rédaction de son Journal qu’il continuera jusqu’à sa mort. Le ton devient moins personnel, il y consigne davantage des réflexions sur les arts et sur ses lectures. Il expose au Salon six peintures et achève la décoration de la bibliothèque du palais du Luxembourg.

1848
Delacroix envoie six peintures au Salon.

 

 

La consécration (1849-1863)


1849
Cinq tableaux de Delacroix figurent au Salon.

Au début du printemps, il est chargé de décorer une chapelle de l’église de Saint-Sulpice à Paris.

1850
Delacroix est chargé d’achever le décor de la galerie d’Apollon du palais du Louvre.

En été, il suit une cure à Bad Ems et fait quelques détours dans les Flandres pour reprendre l’étude de Rubens. Il visite Bruxelles, Anvers et aussi Cologne et Malines.

Le Salon, tardif cette année, expose cinq peintures de Delacroix.

1851
Delacroix est élu conseiller municipal de Paris, fonction qu’il occupera dix ans.
Il passe la fin de l’été à Dieppe. Il est chargé de décorer le salon de la Paix de l’Hôtel de Ville de Paris.

1852
Il poursuit ses chantiers décoratifs de Saint-Sulpice et de l’Hôtel de Ville.
Il passe juillet et août à Champrosay et septembre à Dieppe.

1853
Delacroix est représenté au Salon par trois tableaux. Il séjourne plusieurs fois dans l’année à Champrosay.

1854
Il achève la décoration du salon de la Paix de l’Hôtel de Ville de Paris. Il demeure à Dieppe plus d’un mois entre août et septembre, puis rend visite à son cousin Berryer, à Augerville (Loiret).

1855
En mars-avril, Delacroix est très absorbé par l’organisation de la première Exposition universelle parisienne, pour laquelle l’Etat lui demande de présenter, aux côtés d’Ingres, une rétrospective de son œuvre. Il réalise aussi à cette occasion la Chasse aux lions (Bordeaux, musée des Beaux-Arts). C’est un triomphe.

En été, il rend visite à son cousin à Augerville, aux Verninac, parents de sa sœur, à Croze (Lot), ainsi qu’à ses cousins Lamey à Strasbourg - de là, il va même à Baden-Baden. Il fait également de fréquents séjours à Champrosay et se rend à Dieppe.

Le 14 novembre, Delacroix est nommé commandeur de la Légion d’honneur et reçoit la grande médaille d’honneur lors de la distribution des récompenses à la suite de l’Exposition universelle.

1856
Delacroix, de nouveau malade, fait une cure à Plombières.
En octobre, il passe quelques jours chez son cousin Philogène Delacroix à Ante (Meuse), puis se rend à Ivry-en-Argonne, pays natal de son père.

1857
Le 10 janvier, après sept échecs successifs, Delacroix est enfin élu à l’Institut. Le lendemain de son élection, il projette de rédiger un Dictionnaire des Beaux-Arts ; l’ouvrage restera inachevé.

Son état de santé s’altère sérieusement et il n’envoie rien au Salon. De mai à juillet, il séjourne à Champrosay. En août, après un séjour de dix jours passés à Strasbourg, il fait une cure de trois semaines à Plombières. En octobre, il se rend à Augerville. Le 28 décembre, Delacroix emménage au 6 de la rue de Furstenberg.

1858
Une longue maladie retient Delacroix à Paris les quatre premiers mois.

A partir de la mi-juillet, il séjourne de nouveau à Plombières. Le 15 août, Delacroix achète la maison de Champrosay. Fin octobre, Delacroix est invité à Compiègne à une des "séries" de Napoléon III. Il achève l’année à Champrosay.

1859
Pour son ultime Salon, Delacroix envoie huit peintures qui reçoivent un accueil peu favorable. La critique lui reproche une exécution inachevée. En été, il retourne à Ante, puis à Strasbourg. En octobre, il est à Champrosay puis à Augerville, et en novembre de nouveau à Champrosay. Décembre le voit travailler à Saint-Sulpice.

1860
Une nouvelle rechute en début d’année le rend incapable de travailler avant mars-avril. Il prépare cependant en février une exposition à la galerie Martinet, 26 boulevard des Italiens à Paris, où il envoie seize peintures de différentes époques. En mai, il séjourne à Champrosay, en juillet à Dieppe, puis à nouveau à Champrosay en août. En automne, il reprend son travail à Saint-Sulpice. A partir du 21 août, la chapelle des Saints-Anges de Saint-Sulpice est ouverte au public. Delacroix se replie de plus en plus à Champrosay, ne faisant que de brefs séjours à Paris.

1861
Delacroix est épargné cette année par la maladie. Il termine ses travaux décoratifs à Saint-Sulpice. A partir du 21 août, la chapelle des Saints-Anges est ouverte au public. Delacroix se replie de plus en plus à Champrosay, ne faisant que de brefs séjours à Paris.

1862
Ses ennuis de santé répétés l’empêchent de plus en plus de travailler, même à ses tableaux de chevalet.

1863
L’hiver est très éprouvant pour l’artiste. Au printemps, les médecins l’envoient à Champrosay pour se reposer. Le 3 août, à Paris, Delacroix dicte son testament. Le 13 août, il s’éteint à 7 heures du matin, veillé par Jenny Le Guillou. 17 août : les obsèques de Delacroix ont lieu à Saint-Germain-des-Prés. Le peintre est enterré au cimetière du Père-Lachaise.

1864
Vente à l’hôtel Drouot (17-29 février) des œuvres et objets demeurés dans son atelier.

1865
Inauguration du tombeau de Delacroix édifié par l’architecte Denis Darcy au cimetière du Père-Lachaise.

1885
Une exposition rétrospective de l’œuvre de Delacroix est organisée à l’Ecole des Beaux-Arts à Paris. Les bénéfices sont destinés au financement d’un monument à sa mémoire au jardin du Luxembourg, qui sera réalisé par Jules Dalou et inauguré le 5 octobre 1890.