Ce dimanche¹

Madame²,

J’ai vu hier soir Mademoiselle Villot qui m’a parlé de votre désir de m’envoyer le prix de mon tableau³. Je l’ai suppliée de vous prier au contraire de n’en rien faire jusqu’à ce que le tableau soit en vos mains. La lettre que vous voulez bien m’adresser ce matin exprime la pensée que vous considérerez le tableau comme entièrement à vous au moyen de cet envoi : je l’accepte donc contre mon habitude pour déférer à votre désir en vous répétant combien je suis heureux que ce tableau soit dans des mains comme les vôtres : il y est mieux pour moi que dans les galeries des souverains. J’ai le regret de ne pouvoir vous l’envoyer puisque je le mets au Salon : mais là encore il est déjà à vous car j’ai pris la précaution en envoyant mes tableaux d’indiquer dans ma notice qui sera au livret que cet ouvrage vous appartient. Je regrette de n’avoir pu y exprimer en même temps combien je m’en applaudis.

Agréez, Madame, mille nouvelles assurances de mon admiration et l’hommage de mon respect.

Eug. Delacroix

Vous oubliez de me dire, Madame, à qui je dois adresser le tableau pendant votre absence à l’issue du Salon.

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¹ Rajouté d’une autre main à l’encre bleue : 1853.
Joubin date cette lettre du 17 avril 1853.
² Rajouté d’une autre main : Herbelin.
³ Dans son Journal, Delacroix inscrit à la date du mardi 12 avril 1853 : "Dans la journée, Mme Villot, Mme Barbier et Mme Herbelin sont venues voir mes tableaux. Cette dernière s’est affolée des Pèlerins d’Emmaüs, et veut l’avoir au prix que j’avais demandé". A la fin de l’agenda de 1852, mais ces notes sont de 1853, il a également consigné : "10 avril, reçu de Mme Herbelin pour les Pèlerins d’Emmaüs … 3000 frs." (Hannoosh, t. I, p. 616 et p. 631.) Le tableau présenté au Salon de 1853 (n° 351) est maintenant conservé au Brooklyn Museum à New-York.

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Ce dimanche [Rajouté d’une autre main à l’encre bleue : 1853]

Madame [Rajouté d’une autre main à l’encre bleue : Herbelin],
J’ai vu hier soir Mad.
Villot qui m’a parlé de votre desir
de m’envoyer le prix de mon tableau.
Je l’ai suppliée de vous prier au contraire
de n’en rien faire jusqu’à ce que le
tableau soit en vos mains. La lettre
que vous voulez bien m’adresser ce matin
exprime la pensée que vous considererez
le tableau comme entierement à vous
au moyen de cet envoi : je l’accepte
donc contre mon habitude pour
deferer à votre désir en vous repetant

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combien je suis heureux que
ce tableau soit dans des mains
comme les vôtres : Il y est mieux
pour moi que dans les galeries
des souverains et.J’ai le regret
de ne pouvoir vous l’envoyer
puisque je le mets au Salon :
mais là encore il est deja à vous
car j’ai pris la précaution en en
-voyant mes tableaux d’indiquer
dans ma notice qui sera au livret
que cet ouvrage vous appartient.
je regrette de n’avoir pu y exprimer
en même temps combien je m’en
applaudis.

Agreez, Madame, mille
nouvelles assurances de mon admi-

 

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-ration et l’hommage de mon

respect.

Eug. Delacroix

 

Vous oubliez de me dire

Madame, à qui je dois adresser

le tableau pendant votre absence

à l’issue du Salon.