Lettre à George Sand, 24 novembre 1853

  • Cote de la lettre ED-IN-1853-NOV-24-A
  • Auteur Eugène DELACROIX
  • Destinataire George SAND
  • Date [24] [Novembre] 18[53]
  • Lieux de conservation Paris, bibliothèque de l'INHA, collections Jacques Doucet
  • Éditions précédentes Joubin, Correspondance générale, 1936-38
    , t. III, p. 180. Alexandre, 2005, p. 200.
  • Enveloppe Non
  • Nombre de pages écrites 2
  • Présence d’un croquis Non
  • Dimension en cm 26,8x20,8
  • Cachet de cire Non
  • Nature du document Lettre Autographe Signée
  • Cote musée bibliothèque Ms. 236 pièce 68
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Transcription modernisée

Ce jeudi soir

[24 novembre 1853]

Chère amie, j’irai avec bonheur entendre votre Mauprat1, mais tout seul, comme un ours fatigué que je suis, le soir, de ma journée et enchanté de me recueillir devant une chose que j’aime. Si donc vous avez la bonté de m’envoyer une place, j’en serai bien heureux2. Vous allez bien puisque vous travaillez : nous travaillerons jusqu’à l’agonie ; que faire [d’autre] dans ce monde, à moins de s’enivrer, quand vient le moment où le réel n’est plus à la hauteur du rêve?

Je vous embrasse bien, chère amie, en attendant le moment où je vous verrai. Maurice a fait une jolie composition dans La Dernière Aldini3, une petite femme qui se promène dans une allée où j’ai cru reconnaître la petite allée couverte de Nohant.

Eugène Delacroix

 


1 Dans la pièce Mauprat, dont la première représentation eut lieu le 28 novembre 185 3 à l’Odéon, George Sand reprend un sujet qu’elle avait déjà traité en 1837 dans le roman du même nom.
2 Comme indiqué dans son Journal à la date du 28 novembre 1853, Delacroix assiste en effet à la première représentation de Mauprat, et s’avère des plus critiques à son encontre (Hanoosh, t. I, p. 716-717).
3 Le roman La Dernière Aldini de George Sand est publié pour la première fois en 1838. Il est ici question de sa publication dans le t. VI des Œuvres illustrées de l’auteur.

Transcription originale

Page 1

Ce jeudi soir

[24 novembre 1853]

 

Cher ami j’irai avec bonheur
entendre votre Mauprat, mais tout
seul comme un ours fatigué que
je suis le soir de ma journée et en-
-chanté de me recueillir devant
une chose que j’aime. Si donc vous
avez la bonté de m’envoyer une place
j’en serai bien heureux. Vous allez bien
puisque vous travaillez : nous travail-
-lerons jusqu’à l’agonie : que faire
autre chose dans ce monde à moins
de s’enivrer quand vient le moment
où le reel n’est plus [mot interlinéaire] pas à la hauteur
du rève.

Je vous embrasse bien chère
amie en attendant le moment
où je vous verrai : Maurice a fait
une jolie composition dans la dernière
Aldini une petite femme qui se promène dans
une allée où j’ai cru reconnaître

 

Page 2

pour [mot interlinéaire] la petite allée couverte de
nohant.

Eugdelacrx

 

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