Mme Sand

dans le monde,

Univers

 

 

Eugène Delacroix à Mme Sand¹

 

Vous êtes tous des amours, Jean² aussi, Pistolet³ aussi. Je les embrasse tous, je les porte tous dans mon cœur et aussi les autres. J’ai un rhume du diable, j’ai la tête à l’envers ; j’ai entendu aujourd’hui le Stabat de Rossini⁴. Ce n’est pas du Pistolet³, ça, ni du Jean². Ce n’est pas non plus du Mozart ; mais tel que ça est, cela est plus haut de quelques coudées qu’Halévy mon ami.
Recevez tous la bénédiction du plus enrhumé des enthousiastes hommes et beaucoup de tendresses, à petit Chopin aussi.

Si la bonté de la pipe ressemble à sa longueur⁵, elle sera le phénix de la pipe. Je vais faire des études pour apprendre à la fumer.

 

[D’une autre main] L’original est dans les mains de Madame Clésinger.

 

---

¹ Si Joubin date cette lettre de l’automne 1842, Françoise Alexandre considère qu’elle s’insère plus dans le contexte de l’été-automne 1843, la datant d’entre le 20 septembre et le 28 octobre (voir Alexandre, 2005, p. 249-250, n. 4 de la page 140).
L’adresse ("dans le Monde, Univers") laisse à penser qu’elle aurait été donnée en mains propres à son destinataire.
Cette lettre n’existe que sous forme de copie. Cette dernière serait de la main de Solange Sand selon Joubin (t. II, p. 126), de celle d’Aurore Lauth-Sand selon F. Alexandre (p. 250, n. 4 de la page 140), petite fille de George Sand (1866-1961).
² Domestique de Chopin.
³ Chien de George Sand.
⁴ Le Stabat Mater de Rossini, joué pour la première fois dans les salons de Herz le 31 octobre 1841 et chanté par Pauline Viardot et sa soeur Eugénie Garcia, a été repris plusieurs fois (Alexandre, 2005, p. 250, n. 1 de la page 141).
⁵ George Sand avait offert à Delacroix un chibouk, pipe turque à long tuyau.

Page 1

Mme Sand

dans le monde

Univers

Page 2

 

Eugène delacroix à Mme Sand
____________________

Vous êtes tous des amours,
Jean aussi, Pistolet aussi.
Je les embrasse tous, je
les porte tous dans mon
cœur et aussi les autres.
J’ai un rhume du Diable
J’ai la tête à l’envers : j’ai
entendu aujourd’hui le
Stabat de Rossini. Ce n’est
pas du Pistolet ça, ni du
Jean. ce n’est pas non plus
du Mozart ; mais tel que
ça est, cela est plus haut
de quelques coudées qu’halévy
mon ami.
Recevez tous la bénédiction
du plus enrhumé des
enthousiastes hommes et
beaucoup de tendresses.

Page 3

à Petit Chopin aussi.

Si la bonté de la pipe
ressemble à sa longueur,
elle sera le Phénix
de la Pipe. Je vais
faire des études pour
apprendre à la fumer.

 

[D’une autre main]
L’original est dans les mains
de Mad^e Clesinger