Lettre à George Sand, 8 juillet 1842

  • Cote de la lettre ED-IN-1842-JUIL-08-A
  • Auteur Eugène DELACROIX
  • Destinataire George SAND
  • Date 08 Juillet 1842
  • Lieux de conservation Paris, bibliothèque de l'INHA, collections Jacques Doucet
  • Éditions précédentes L’Art vivant, 1er septembre 1930, p. 705. Joubin, Corr. gén, t. II, p. 116-117. Alexandre, 2005, p. 129.
  • Enveloppe Non
  • Nombre de pages écrites 4
  • Présence d’un croquis Non
  • Dimension en cm 21x27,2
  • Cachet de cire Non
  • Nature du document Lettre Autographe non Signée
  • Cote musée bibliothèque Ms. 236 pièce 31
  • Cachet de la poste [1er cachet, tronqué] LA CHATRE // 9 ; [2e cachet] PARIS // (6) [?] // 8 JUIL 1842 ; [3e cachet, tronqué] (35) // JUIL 1842
  • Données matérielles Déchirure bordure droite
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Transcription modernisée

Madame G. Sand

à La Châtre.

Indre.

 

8 juillet

 

Chère amie, je reçois votre seconde lettre au moment de vous écrire pour vous accuser réception de la caisse. J’avais effectivement déjà traité de fourbe et d’imposteur celui qui me l’a apportée et qui réclamait le port de ladite : tout est donc pour le mieux et la vertu n’est pas un mot. Je ne suis pas de meilleure humeur qu’en vous écrivant et je vous boude vraiment pour ce que vous m’avez envoyé. J’ai décidément le spleen, ma pauvre amie. Un mien ami m’a dit avoir passé par cette espèce d’âge critique. Heureusement il m’a assuré que c’était l’affaire de quelques années avant d’arriver au port de l’indifférence, où il paraît que vous êtes parvenue. Cette perspective n’a rien de gai et je suis véritablement dans un triste état. C’est une impatience de tout que vous ne sauriez croire. Mon séjour chez vous avait fait trêve et cela me reprend de plus belle.

Puisque nous sommes en train de restituer, vous direz à Chopin que j’ai à lui un caleçon. La fidèle Jenny n’avait pas tardé à s’apercevoir du déficit dans ma garde-robe. J’avais emporté chez vous un objet auquel je tenais beaucoup, c’est la jolie bourse que m’avait donnée Solange. Il y avait aussi un petit cordon d’Alger1. Non pas que j’y tinsse beaucoup, mais c’est que ma gouvernante m’a assuré que ces deux objets étaient ensemble. Je regretterais que la jolie bourse fût dans des épluchures.

Adieu chère amie, il fait un temps affreux pour les nerfs. En rêvant que vous me voyiez, avez-vous rêvé que vous étiez la duchesse de Berry ? Je vous embrasse sincèrement tous mais je suis triste.

 


1 Eugène Delacroix avait dû ramener cet objet lors de son voyage au Maroc (1832).

Transcription originale

Page 1

Madame G. Sand

à la châtre.

Indre

Page 2

8 juillet

Chere amie je recois votre seconde
lettre au moment de vous ecrire pour
vous accuser reception de la caisse. J’avais
effectivement déja traité de fourbe et
d’imposteur celui qui me l’a apportée et qui
raclamait le port de la dite : tout est donc
pour le mieux et la vertu n’est pas un
mot. Je ne suis pas de meilleure humeur
qu’en vous ecrivant et je vous boude très
vraiment pour ce que vous m’avez envoyé.
J’ai decidément le spleen ma pauvre amie.
Un mien ami m’a dit avoir passé par
cette espèce d’âge critique. Heureusement il
m’a assuré que c’etait l’affaire de quelques
années avant d’arriver au port de l’indif-
-ference où il parait que vous êtes parvenue.
Cette perspective n’a rien de gai et je suis

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veritablement dans un triste état. C’est
une impatience de tout que vous ne sauriez
croire. Mon séjour chez vous avait fait
trève et cela me reprend de plus belle. /

Puisque nous sommes en train de restituer
vous direz à Chopin que j’ai a lui un caleçon
la fidèle Jenny n’avait pas tardé à s’appercevoir
du déficit dans ma garde-robe. [mots barrés illisibles]
[mots barrés illisibles] J’avais emporté
chez vous un objet auquel je tenais beaucoup,
c’est la jolie bourse que m’avait donnée Solange.
il y avait aussi un petit cordon d’Alger
non pas que j’y tinsse beaucoup mais c’est
que ma gouvernante m’a assuré que ces
deux objets etaient ensemble. Je regretterais
que la jolie bourse fût dans des epluchures.

Adieu chère amie, il fait un temps
affreux pour les nerfs. / en rêvant que vous

Page 4

me voyez avez vous rêvé que vous etiez la
duchesse de Berry ? — Je vous embrasse
sincerement tous mais je suis bien triste.

 

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