Lettre à George Sand, 9 mars 1852

  • Cote de la lettre ED-IN-1852-MAR-09-A
  • Auteur Eugène DELACROIX
  • Destinataire George SAND
  • Date [09] [Mars] 18[52]
  • Lieux de conservation Paris, bibliothèque de l'INHA, collections Jacques Doucet
  • Éditions précédentes Joubin, Correspondance générale, 1936-38
    , t. III, p. 109. Alexandre, 2005, p. 193.
  • Enveloppe Non
  • Nombre de pages écrites 2
  • Présence d’un croquis Non
  • Dimension en cm 20,7x13,3
  • Cachet de cire Non
  • Nature du document Lettre Autographe Signée
  • Cote musée bibliothèque Ms. 236 pièce 63
Agrandir la page 1
Agrandir la page 2

Transcription modernisée

Ce mardi1
[mars 1852]

Chère amie, j’ai bien regretté de ne pas voir Maurice qui est passé chez moi hier : il m’aurait donné de vos nouvelles. J’étais, et je suis toute la journée depuis plusieurs jours, au jury de l’Exposition, qui est la plus rude corvée qu’il soit possible de supporter et qui me rend incapable de remuer le soir : je suis exactement comme un homme qui aurait fait dix lieues à pied. J’en ai encore pour la semaine au moins et, souffrant comme je suis, je m’en serais dispensé si cette année le nombre des jurés nommés par les artistes n’était très restreint, l’administration en ayant nommé une grande partie2. Je ne pense pas que vous partiez encore, vous auriez été assez bonne pour me l’écrire et j’aurais été vous voir, si on vous voyait le matin. Écrivez-moi donc un mot, chère amie, et recevez en attendant mes tendresses de cœur.

Eugène Delacroix


1 Delacroix écrit le lundi 8 mars dans son Journal : "Le jury depuis jeudi dernier, m’assassine tous les jours, et le soir, je suis comme un homme qui aurait fait dix lieues à pied", et le samedi 13 mars : "Fini au jury". La lettre doit ainsi dater du mardi 9 mars 1852 (Alexandre, 2005, p. 283).
2 Alors qu’auparavant, le jury du Salon était entièrement élu, l’édition de 1852 inaugure un changement dans la sélection du jury, composé pour moitié d’artistes élus par leurs pairs et d’amateurs nommés par l’administration du Salon (Joubin, t. III, 1937, p. 109).

Transcription originale

Page 1

Ce mardi
[mars 1852]

Chère amie j’ai bien regretté
de ne pas voir Maurice qui est passé
chez moi hier : il m’aurait donné de
vos nouvelles. j’etais et je suis toute
la journée depuis plusieurs jour au
jury de l’exposition qui est la plus
rude corvée qu’il soit possible de
supporter et qui me rend incapable
de remuer le soir : je suis exactement
comme un homme qui aurait
fait dix lieues à pied. J’en ai encore
pour la semaine au moins et souffrant
comme je suis je m’en serais dispensé
si cette année le nombre des jurés
nommés par les artistes n’était très
restreint, l’administration en [mot interlinéaire] ayant
nommé une grande partie. Je ne
pense pas que vous partiez encore, vous
auriez eté assez bonne pour me l’écrire

Page 2

et j’aurais eté vous voir, [mots raturés: "ce que"]
[mots raturés: "j’aurais fait"] si on vous voyait
le matin. Ecrivez moi donc ce
mot chère amie et recevez en
attendant mes tendresses de
cœur.

Eugdelacroix

Précédent | Suivant