Lettre à George Sand, 8 septembre 1855

  • Cote de la lettre ED-IN-1855-SEPT-08-A
  • Auteur Eugène DELACROIX
  • Destinataire George SAND
  • Date 08 [Septembre] 18[55]
  • Éditions précédentes L’Art vivant, 1er août 1930
    , p. 600. Joubin, Corr. gén, t. III, p. 113. Alexandre, 2005, p. 206.
  • Enveloppe Non
  • Nombre de pages écrites 2
  • Présence d’un croquis Non
  • Dimension en cm 20,7x27,2
  • Cachet de cire Non
  • Nature du document Lettre Autographe Signée
  • Cote musée bibliothèque Ms. 236 pièce 64
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Transcription modernisée

Ce samedi 81
[1852]

 

Chère amie, votre lettre me perce le cœur puisque c’est précisément au moment où vous arriverez que je partirai de mon côté. Vous me consolez un peu en me disant que vous reviendrez dans peu de temps, mais ce n’est pas comme de passer quelques bons moments sous les ombrages de Nohant et près de vous. Enfin, ainsi soit-il puisque rien ne va droit en ce monde. Dépêchez-vous donc, bonne et chère inspirée, de nous en bâtir un autre avant que nous n’ayons plus ni dents, ni estomac, ni cœur, ni âme pour en profiter et pour sentir.

Je vous écris ceci à la rue Racine pour que vous ne preniez pas la peine d’écrire ou de venir chez moi, où je ne serai plus.

À vous de cœur.

Eugène Delacroix


1 André Joubin date la lettre de mai 1852. Il s’appuye sur la mention de la rue Racine où  George Sand s’installe en janvier 1852, présente à Paris jusqu’au printemps pour obtenir la libération de ses amis républicains incarcérés après le coup d’Etat de décembre 1851 (Joubin, t. III, 1937, p. 113). Françoise Alexandre avance néanmoins qu’en mai 1852, Sand est à Nohant et que compte tenu du calendrier de ses déplacements, la lettre ne peut dater que du 8 septembre 1855. De plus, le 10 septembre, Delacroix part pour le château de Croze (Lot) et compte faire étape à Nohant (cf. Journal, p. 535). En outre, cette lettre serait la réponse d’un courrier du 6 septembre 1855 que George Sand envoie du 3 rue Racine (Alexandre, 2005, p. 289-290).

Transcription originale

Page 1

Ce samedi 8
[1852]

Chère amie, votre lettre me
perce le cœur puisque c’est precisément
au moment où vous arriverez que
je partirai de mon côté : Vous me
consolez un peu en me disant que vous
reviendrez dans peu de temps, mais
ce n’est pas comme de passer quelque
bons moments sous les ombrages de
nohant et près de vous. Enfin, ainsi
soit il puisque rien ne va droit en
ce monde. Depechez vous donc
bonne et chere inspirée, de nous
en batir un autre avant que nous
n’ayons plus ni dents, ni estomac
ni cœur ni âme pour en profiter
et pour sentir.

Je vous écris ceci à la
rue Racine pour que vous ne preniez

Page 2

pas la peine d’écrire ou [mot interlinéaire] de venir
chez moi où je ne serai plus.

A vous de cœur

Edelacroix

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