Lettre à Henriette de Verninac, 29 juin 1821

  • Cote de la lettre ED-IN-1821-JUIN-29-A
  • Auteur Eugène DELACROIX
  • Destinataire Henriette de VERNINAC
  • Date 29 Juin 1821
  • Lieux de conservation Paris, bibliothèque de l'INHA, collections Jacques Doucet
  • Éditions précédentes Joubin, Correspondance générale, 1936-38
    , t. V, p. 85-88.
  • Enveloppe Non
  • Nombre de pages écrites 4
  • Présence d’un croquis Non
  • Dimension en cm 20,2x31,6
  • Cachet de cire Non
  • Nature du document Lettre Autographe Signée
  • Cote musée bibliothèque Ms. 241 pièce 33
  • Cachet de la poste [cachet triangulaire rouge] P
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Transcription modernisée

À Madame Verninac
Poste restante
À Mansle. Charente.

Le 29 juin 1821

J’ai reçu, ma chère sœur, le sac de mille francs envoyé par la diligence ainsi que les lettres que mon beau-frère adressait à Charles et au proviseur. Ton fils, comme de raison, renonce à son projet, parce que M. Malleval ne permet point aux élèves qui quittent à cette époque de revenir comme externes. Il appelle cela veiller aux intérêts de l’administration du lycée. Quoique je trouve la mesure arbitraire, je crois que Charles fait aussi bien d’achever son année comme il les a toutes passées. Les distractions ne lui auraient certes pas manquées à la maison et il en travaillera mieux. Nous allons nous occuper de lui faire passer les examens de bachelier. J’ai porté 600 francs à M. Boilleau, et j’écris par le plus prochain courrier pour demander à mon beau-frère s’il doit les appliquer aux intérêts de M. de Mornay ou à ceux du Général Rapp1. Il désirerait avoir une réponse à cet égard, et il attend aussi le reste d’envoi qui doit lui être fait. J’ai été bien fâché de l’indisposition de mon beau-frère qui j’espère n’aura pas de suites graves avec des soins et des ménagements. Je te prie de le lui témoigner. J’étais parvenu à découvrir l’adresse de Lemesle2 qui devait me procurer ce que tu me demandais ; mais sa femme vient de me dire qu’il était à la campagne et que je ne pourrai avoir ces cardes que dans deux ou trois jours à son retour. Aussitôt reçues elles seront mises aux rouliers3. Il est venu à la maison un monsieur qui m’a demandé si mon beau-frère avait conservé quelques médailles de celles qu’il fit frapper à l’occasion de la paix de Lunéville4. C’est je crois un M. Rozat5 de Lyon à la collection de qui elle manque. Il l’avait inutilement cherchée à la monnaie des médailles. Dans le cas où mon beau-frère en aurait plusieurs et voudrait en céder une, il donnerait en échange, ou des livres ou quelqu’autres médailles sur lesquelles on s’entendrait. Dans le cas où il ne voudrait pas s’en défaire, on désirerait pouvoir en prendre une empreinte. La légende du côté de la face est – Orbis viro, du côté du revers : Galliae perpetuo Consuli Bonaparte... Mon beau-frère verra ce que c’est. Peut-être cette medaille est-elle à Paris dans tes affaires. J’avais toujours oublié de te parler des habits et des meubles du salon qui prennent l’air depuis un temps infini.

Voici bientôt le temps des vacances. Mais ma fièvre m’a tellement mis en retard comme l’abbé de la Duchesse de Bourbon qui nous quittait pour aller prier le bon Dieu, que je crains de ne pouvoir cette année les passer à la forêt. J’aurai peut-être ces vacances des peintures à faire dans une maison qu’on bâtit ; et j’ai grand besoin de faire des études. Ce n’est pourtant pas encore une résolution arrêtée. Je te reparlerai. Je me porte actuellement bien ; je pense que tu vas aussi de même.

Adieu donc, ma chère sœur je t’embrasse tendrement ainsi que mon beau-frère.

E. Delacroix


1 Tous deux créanciers de Raymond de Verninac pour la forêt de Boixe.
2 Cardeur à qui Delacroix fait appel durant l’été 1821 afin de se procurer des cardes pour sa sœur Henriette (voir la lettre du 18 juin 1821).
3 Voiturier qui assurait le transport public des marchandises.
4 Médaille frappée à l’occasion de la paix de Lunéville en 1802 alors que Raymond de Verninac était ambassadeur à Berne. Selon Joubin, l’auteur de la médaille est le graveur lyonnais Claude-Antoine Mercié.
5 Collectionneur de Lyon, non identifié.

Transcription originale

Page 1

12 février [écrit à l’envers dans un second temps]

À Madame

Madame Verninac

Poste restante

À Mansle.

Charente.

Page 2

Le 29 juin 1821

J’ai reçu, ma chère soeur, Le sac de mille francs
envoyé par la diligence ainsi que Les lettres que mon
beau frere adressait à Charles et au proviseur. ton fils
comme de raison, renonce à son projet, parceque Mr
Malleval ne permet point aux eleves qui quittent à cette
epoque de revenir Comme externes. Il appelle cela
veiller aux intérêts de l’administration du Lycée.
quoique je trouve La mesure arbitraire, je crois que
Charles fait aussi bien d’achever son année Comme il les
a toutes passées. Les distractions ne lui auraient certes
pas manquées à la maison et il en travaillera mieux.
Nous  allons nous occuper de lui faire passer Les examens
de Bachelier – J’ai porté 600 # à Mr. Boilleau, et
j’ecris par le plus prochain Courrier pour demander à
mon beau frère s’il doit les appliquer aux intérêts de

Page 3

beau frere en aurait plusieurs et voudrait en ceder
une, il donnerait en échange, ou des livres ou quelqu’autre
médaille sur lesquelles on s’entendrait. Dans le cas ou il
ne voudrait pas s’en defaire, on desirerait pouvoir
en prendre une empreinte. [une lettre illisible barrée] La legende du coté de
la face est – Orbis viro, du coté ou revers : Galliae
perpetuo Consuli Bonaparte
& ... mon beau frere verra
Ce que C’est. Peut etre cette medaille est elle à Paris dans
tes affaires. J’avais toujours oublié de te parler des
habits et des meubles du salon qui prennent l’air
depuis un temps infini.

Voici bientôt le temps des vacances. Mais ma [mot illisible]
m’a tellement mis en retard Comme l’abbé de la
duchesse de Bourbon qui nous quittait pour aller prier le
bon Dieu, que je crains de ne pouvoir cette année les
passer à La foret. j’aurai peut-être ces vacances des
peintures à faire dans une maison qu’on batit ; et j’ai
grand besoin de faire des etudes. Ce n’est pourtant pas
encore une resolution arretée.  je te reparlerai – je me
porte actuellement bien ; je pense que tu vas aussi demême
adieu donc, ma chère soeur je t Embrasse tendrement ainsi
que mon beaufrere.   E. delacroix

Page 4

Mr de Mornay ou à ceux du  general Rapp. Il
desirerait avoir une reponse à cet egard, et il attend
aussi Le reste d’envoi qui doit lui être fait. J’ai
eté bien faché de l’indisposition de mon
beau frere qui j’espere n’aura pas de suites graves
avec des soins et des menagements. je te prie de le
lui temoigner – J’etais parvenu à decouvrir
l’adresse de Lemesle qui devait me procurer ce que tu
me demandais ; mais sa femme vient de me dire
qu’il etait à la Campagne et que je ne pourrai avoir
Ces Cardes que dans deux ou trois jours à son
retour. Aussitot reçues elles seront mises aux
rouliers . – Il est venu à la maison un
Monsieur qui m’a demandé si mon beau frère
avait Conservé quelques Médailles de celles qu’il fit
frapper à l’occasion de la Paix de Lunéville. C’est je
Crois un Mr Rozat de Lyon à la collection de qui
elle manque. Il l’avait inutilement cherchée à la
Monnaie des Médailles. Dans le cas où mon

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