Lettre à Henriette de Verninac, 10 juillet 1821

  • Cote de la lettre ED-IN-1821-JUIL-10-A
  • Auteur Eugène DELACROIX
  • Destinataire Henriette de VERNINAC
  • Date 10 Juillet 1821
  • Lieux de conservation Paris, bibliothèque de l'INHA, collections Jacques Doucet
  • Éditions précédentes Joubin, Correspondance générale, 1936-38
    , t. V, p. 88-89.
  • Enveloppe Non
  • Nombre de pages écrites 4
  • Présence d’un croquis Non
  • Dimension en cm 20,2x31,5
  • Cachet de cire Non
  • Nature du document Lettre Autographe Signée
  • Cote musée bibliothèque Ms. 241 pièce 34
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Transcription modernisée

À Madame Verninac
Poste restante
À Mansle. Charente.

Le 10 juillet 1821.

Je ne sais si je t’avais dit dans ma dernière lettre, ma chère sœur, que selon les instructions de mon beau-frère j’avais au moment même du reçu de sa lettre concernant le loyer, signifié aux anglaises1 le congé pour le mois d’octobre ou l’augmentation. Cela parut les vexer infiniment et le lendemain matin m’envoyèrent un bout de lettre  par lequel elles acceptaient le congé. Il paraît qu’elles ont fait des réflexions ; elles sont toutes deux vieilles et malades et voudraient ne pas renoncer aux dépenses qu’elles ont faites dans l’appartement. En conséquence, elles m’ont envoyé hier leur homme d’affaires qui m’a dit qu’elles se décideraient à faire un bail dans le cas où on les laisserait au même prix. Je te prie donc de vouloir bien me répondre de suite à ce sujet. Dans le cas où tu ne voudrais pas faire de bail il faudrait me marquer précisement les prix auxquels tu laisses l’un ou l’autre logement avec et sans bail.

Lemesle2 était à la campagne et n’est revenu que ces jours-ci. J’aurai les cardes demain et les ferai partir. Il paraît que j’ai bien fait de l’attendre plutôt que de les acheter moi même chez un marchand.  Il y a du choix dans ces sortes d’outils et on peut en acheter de fort mauvais sans s’en douter puisque lui-même y a été pris une fois. Je joindrai à cet envoi ce que tu me demandes.

Le maçon est revenu pour avoir le reste de son mémoire qui est de 40 francs. Je lui ai dit que je pensais fermement qu’à la fin du mois on le lui enverrait. Tâche de ne pas me faire mentir.

Tu as appris sans doute par les journaux la mort de ce pauvre Auguste Bataille. Il y avait déjà longtemps qu’on s’y attendait, puisque dès le commencement de cette année on avait annoncé  sa mort à Paris. Il paraît que sa femme va venir avec son frère passer quelque temps à Valmont.

Les Jacob que j’ai vus hier te disent mille choses. La mère du cousin Jacob, notre tante, est chez lui depuis quelques jours. Toutes les fois que je la regarde il me semble voir les traits de notre père, et surtout ses yeux si gais et si bons.

Adieu ma chère sœur ; porte toi bien - je t’em[brasse] tendrement ainsi que mon beau frère.

E. Delacroix

Bien entendu que j’ai reçu la lettre de change de 305 francs dans la lettre de mon beau-frère.


1 Les soeurs O’Fareill, sous-locataires au 114, rue de l’Université.
2 Cardeur à qui Delacroix fait appel durant l’été 1821 afin de se procurer des cardes pour sa sœur Henriette.

Transcription originale

Page 1

À Madame

Madame Verninac

Poste restante

À Mansle.

Charente.

Page 2

Le 10 juillet 1821.

Je ne scais si je t’avais dit dans ma derniere
lettre, ma chere soeur, que selon Les instructions
de mon beau frère j’avais au moment meme du
reçu de sa lettre Concernant le loyer, signifié
aux Anglaises Le congé pour le mois d’octobre ou
l’augmentation. Cela parut Les vexer infiniment et
Le lendemain matin m’envoyerent un bout de lettre
par lequel elles acceptaient Le Congé. Il paraît qu’elles
ont fait des reflexions ; elles sont toutes deux vieilles
et malades et voudraient ne pas renoncer aux
depenses qu’elles ont faites dans L’appartement. En
Consequence, elles m’ont envoyé hier leur homme
d’affaire qui m’a dit qu’elles se decideraient à
faire un bail dans Le cas où on les laisserait au
même prix. Je te prie donc de vouloir bien me

Page 3

repondre de suite à ce sujet. Dans le cas ou
tu ne voudrais pas faire de bail il faudrait me
marquer precisement Les prix aux quels tu laisses
L’un ou l’autre Logement avec et sans bail.

Lemesle etait à la campagne et n’est revenu
que ces joursci. J’aurai Les Cardes demain et les
ferai partir. Il parait que j’ai bien fait de l’attendre
plutot que de les acheter moi meme chez un
marchand.  Il y a du choix dans ces sortes
d’outils et On peut en acheter de fort mauvais
sans s’en douter puis que lui même y a eté pris
une fois. Je joindrai à cet envoi ce que tu me
demandes.

Le maçon est revenu pour avoir Le reste de son
memoire qui est de 40 fr. Je lui ai dit que je pensais
fermement qu’à la fin du mois on le lui enverrait.
tache de ne pas me faire mentir.

Tu as appris sans doute par Les journaux

Page 4

la mort de ce pauvre Auguste Bataille. Il y avait
deja Longtemps qu’on s’y attendait, puisque dès Le
Commencement de cette année on avait annoncé
sa mort à Paris. Il parait que sa femme va venir
avec son frère passer quelque temps à Vallemont.

Les jacob que j’ai vus hier te disent mille choses.
La mère du cousin jacob notre tante est chez lui
depuis quelques jours. toutes les fois que je la regarde
il me semble voir Les traits de notre père, et surtout
ses yeux si gais et si bons.

adieu ma chère soeur ; porte toi bien- je t’em[brasse]
tendrement ainsi que mon beau frère. –

E. Delacroix

Bien entendu que j’ai reçu La lettre de change
de 305# dans la lettre de mon beau frère -

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