Lettre à Henriette de Verninac, septembre 1821

  • Cote de la lettre ED-IN-1821-SEPT-XX-A
  • Auteur Eugène DELACROIX
  • Destinataire Henriette de VERNINAC
  • Date Septembre 1821
  • Lieux de conservation Paris, bibliothèque de l'INHA, collections Jacques Doucet
  • Éditions précédentes Joubin, Correspondance générale, 1936-38
    , t. V, p. 93-95.
  • Enveloppe Non
  • Nombre de pages écrites 2
  • Présence d’un croquis Non
  • Dimension en cm 23,9x18,8
  • Cachet de cire Non
  • Nature du document Lettre Autographe Signée
  • Cote musée bibliothèque Ms. 241 pièce 37
  • Données matérielles Manque au centre et sur la bordure supérieure
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Transcription modernisée

[24 septembre]

à Madame Verninac
Poste restante
à Mansle, Charente.

Mercredi septem[bre] 18211

Ma chère sœur,

Je suis bien désolé des nouvelles que tu me donnes de mon beau-frère. J’espère que tes soins assidus et la présence de Charles contribueront à le soulager et à le guérir entièrement. Tu ne me dis rien de toi c’est-à-dire de ta santé. Je pense qu’elle n’est pas mauvaise puisque ni toi, Charles n’en font mention. J’ai trouvé comme toi qu’il était trop cher de donner 5 francs au portier pour battre le salon2 dis-moi ce que tu te proposai de donner pour cela à une femme de ménage. Je tâcherai d’arranger cela pour qu’il s’en contente parce qu’il serait désagréable d’introduire encore quelqu’un d’étranger. Quand aux piqûres de vers, elles existent depuis longtemps. Je m’en aperçus à mon dernier retour de la forêt ce qui m’a montré que Mme Leuger3 les avait fort négligés malgré ta recommandation : je les ai fait placer dans une pièce séparée : on y ouvre les fenêtres du matin jusqu’au soir sans compter les soins particuliers que j’y fait donner de temps en temps. Je ne sais si tu liras facilement cette lettre : je n’écris qu’une feuille afin de payer moins de port pour cette autre adressée à mon beau-frère. Piron est depuis quelque temps à la campagne et ne peut m’être utile. Quand aux demoiselles anglaises4 leur ayant fait la proposition de l’un ou l’autre arrangement elles avaient préféré le bail, après l’avoir refusé d’abord et accepté le congé. Ayant été chez M. Boilleau, il me dit qu’il était bien inutile de faire un [acte] notarié : que cet argent n’entrait pas dans notre poche, et qu’un petit a[cte so]us seing privé suffisait, d’autant plus qu’on pouvait le faire enregistrer de suite [sans] la moindre difficulté. Je sais bien que tu voulais par ce moyen forcer les demoiselles à une augmentation, mais du moment qu’elles avaient dit qu’elles étaient décidées à un bail, c’était se montrer rigoureux inutilement que d’exiger d’elles des frais qu’elles feront cependant si tu le désires absolument, mais qui ne nous avanceront à rien. Je suis dans un état très dénué ; tu penses que je n’ai pu avec le peu que j’ai, me trouver à découvert de ce que j’ai donné à Charles5 sans être obligé d’aller emprunter de droite et de gauche, ce qui m’est fort [p]énible. Je te prie donc de presser cela. J’ai des modèles à payer et enfin il faut que je dîne. Mon tableau ne me sera pas payé avant quelques mois. Adieu ma chère sœur, je n’ai que la place de t’embrasser ainsi que mon beau-frère et Charles - qu’il s’amuse bien.


1 La date du 24 septembre inscrite au-dessus de l’adresse par une autre main et reprise par Joubin ne correspond pas au calendrier de 1821. Il pourrait s’agir davantage du mercredi 19 septembre 1821.
2 Voir la lettre du 4 septembre 1821.
3 Non identifiée.
4 Les soeurs O’Fareill, sous-locataires au 114, rue de l’Université.
5 Dans sa lettre du 4 septembre 1821, Delacroix mentionne 100 francs empruntés pour financer le départ de Charles à la Fôret de Boixe.

Transcription originale

Page 1

[haut gauche à l’envers]
24 7bre

À Madame

Madame Verninac

Poste restante

À Mansle

Charente.

Page 2

Mercredi    septem[bre] 1821

Ma chere soeur :

Je suis bien desolé des nouvelles que tu me donnes de mon beaufrère
j’espère que tes Soins assidus et La presence de charles Contribueront
à le soulager et à le guerir entierement. tu ne me dis rien de toi c’est
à dire de ta santé. Je pense qu’elle n’est pas mauvaise puisque ni toi
charles n’en font mention. J’ai trouvé Comme toi qu’il etait trop cher
de donner 5 fr. au portier pour battre le salon dis moi ce que tu
te proposai de donner pour cela à une femme de menage. je tacherai
d’arranger cela pour qu’il s’en contente parcequ’il serait desagreable d’in-
troduire encore quelqu’un d’etranger. quand aux piqures de vers, elles
existent depuis Longtemps. Je m’en apperçu à mon dernier retour de la
forêt ce qui m’a montré que Mde Leuger les avait fort negligés malgré
ta recommandation : je les ai fait placer dans une pièce separée : on y
ouvre les fenetres du matin jusqu’au soir sans compter Les soins particuliers
que j’y fait donner de temps en temps. – Je ne scais si tu liras facilement cette
lettre : je n’ecris qu’une feuille afin de payer moins de port pour cetteautre
adresseè à mon beaufrere. Piron est depuis quelque temps à La Campagne et
ne peut m’etre utile. – Quand aux D.lle anglaises leur ayant fait la proposition
de l’un ou l’autre arrangement elles avaient preferé le bail, après L’avoir.
refusé d’abord et accepté le Congé. ayant eté chez M. Boilleau, il me dit
qu’il etait bien inutile de faire un [acte] notarié  : que cet argent n’entrait pas
dans notre poche, et qu’un petit a[cte so]us seing privé suffisait d’autant plus
qu’on pouvait le faire enregistrer desuite à la moindre difficulté. je
scais bien que tu voulais par ce moyen forcer les D.lles à une augmentation
mais du moment qu’elles avaient dit qu’elles etaient decidees à un bail
c’etait se montrer rigoureux inutilement que d’exiger d’elles des frais qu’elles
feront Cependant si tu le desires absolument – mais qui ne nous avanceront
à rien. – je suis dans un etat très denué : tu penses que je n’ai pu avec
le peu que j’ai me trouver à decouvert de ce que j’ai donné à Charles sans
etre obligé d’aller empruntant de droite et de gauche, ce qui m’est fort

[suite de la lettre dans la marge gauche en vertical]

[p]enible. Je te prie donc de presser cela. j’ai des modeles a payer et enfin il faut que je [mot illisible, dîne ?]. Mon tableau
ne me sera pas payé avant quelques mois. adieu ma chere soeur : je n’ai que la place de t’embrasser
ainsique [deux mots illisibles barrés] mon beau frere et Charles - qu’il s’amuse bien. -

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