Lettre à Jeanne-Mathilde Herbelin, 1er janvier 1861

  • Cote de la lettre ED-AD-1861-JAN-01-A
  • Auteur Eugène DELACROIX
  • Destinataire Jeanne-Mathilde HERBELIN
  • Date 01 Janvier 1861
  • Lieux de conservation Paris, bibliothèque des Arts décoratifs
  • Éditions précédentes -
    , inédite.
  • Enveloppe Non
  • Nombre de pages écrites 3
  • Présence d’un croquis Non
  • Dimension en cm 20,8x27
  • Cachet de cire Non
  • Nature du document Lettre Autographe Signée
  • Cote musée bibliothèque Ms. Lemaire, pièce 22
  • Œuvre concernée Pèlerins d'Emmaüs
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Transcription modernisée

Ce 1er janvier 1861.


Madame,

Je reçois avec confusion la lettre que vous avez pris la peine de m’écrire pour me redemander votre tableau1 dont vous vous êtes si généreusement privée pendant si longtemps2. Les retouches étaient effectivement terminées et j’éprouvais toutefois du mécontentement de l’effet du tableau qu’il ne me semblait pas reconnaître. L’état d’embu où il était, par suite des dévernissages, ne me permettait pas de m’apercevoir qu’il était resté dessus une quantité considérable de vernis qui ôtait entièrement la valeur des demi-teintes. M. Haro, dans la crainte très légitime d’aller trop loin, avait pensé bien faire. J’ai enlevé aussitôt toutes les retouches et nous l’avons déverni ensemble. J’espère que cette toilette, ou plutôt cette résurrection, me fera pardonner le retard de quelques jours que je suis forcé de vous demander avant de vous le faire reporter. Les retouches sont recommencées sur nouveau frais et seront terminées d’ici à huit ou dix jours: il faut un peu de temps pour laisser sécher celles qu’on applique successivement.

Mille et mille remerciements Madame, pour tout ce que vous voulez bien me dire d’obligeant et d’aimable à la fin de votre lettre. Mon admiration constante pour votre talent et ma reconnaissance, pour la manière distinguée dont vous voulez bien me recevoir, ne peuvent aller plus loin3 et mes vœux, pour tout ce que vous pouvez désirer encore, sont aussi sincères que mon profond respect.

Eug. Delacroix.

 


1 Les Pèlerins d’Emmaüs, 1853, huile sur toile marouflée sur bois, 56x46 cm (New York, The Brooklyn Museum). Mme Herbelin avait acheté ce tableau à Delacroix, juste avant son envoi au Salon de 1853. Voir à ce sujet, la note 6 de la lettre du 28 mars 1860.
2 Dans sa lettre du 28 mars 1860, Delacroix avait proposé à Mme Herbelin de faire restaurer son tableau, les Pèlerins d’Emmaüs, qu’elle lui avait prêté pour une exposition organisée par Francis Petit en mars 1860. Sur cette exposition, voir la note 5 de cette dernière lettre.
3 Lecture incertaine des quatre derniers mots.

Transcription originale

Page 1

Ce 1er janvier 1861.

 

 

Madame,

je reçois avec confusion
la lettre que vous avez pris la peine
de m’ecrire pour me redemander
votre tableau dont vous vous etes
si genereusement privée pendant
si longtemps. Les retouches étaient
effectivement terminées et j’eprou-
-vais toute fois du mécontentement
de l’effet du tableau qu’il ne me
semblait pas reconnaître. l’etat
d’embu où il etait par suite des
devernissage, ne me permettait pas
de [1 mot barré illisible] m’appercevoir qu’il
etait resté dessus une quantité

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considerable de vernis qui otait
entierement la valeur des
demi teintes. Mr Haro dans
la crainte très legitime d’aller
trop loin avait pensé bien faire.
J’ai enlevé aussitot toutes les
retouches et nous l’avons deverni
ensemble : j’espere que cette toilette
ou plutôt cette résurrection me
fera pardonner le retard de
quelques jours que je suis forcé
de vous demander avant de vous
le faire reporter. Les retouches sont
recommencées sur nouveau frais
et seront terminées dans quel d’ici
a huit ou dix jours : il faut un
peu de temps pour laisser secher celles
qu’on applique successivement.

Mille et mille remerciements

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Madame, pour tout ce que vous
voulez bien me dire d’obligeant
et d’aimable à la fin de votre
lettre. Mon admiration constante
pour votre talent et ma recon-
-naissance pour la maniere distinguée
dont vous voulez bien me recevoir
ne peuvent aller plus loin [lecture incertaine] et
mes vœux pour tout ce que vous
pouvez desirer encore, sont aussi
sincères que mon profond respect.

Eg Delacroix.

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