Lettre à Henriette de Verninac, 27 avril 1822

  • Cote de la lettre ED-IN-1822-AVR-27-A
  • Auteur Eugène DELACROIX
  • Destinataire Henriette de VERNINAC
  • Date 27 Avril 1822
  • Lieux de conservation Paris, bibliothèque de l'INHA, collections Jacques Doucet
  • Éditions précédentes Joubin, Correspondance générale, 1936-38
    , t. V, p. 111-112.
  • Enveloppe Non
  • Nombre de pages écrites 3
  • Présence d’un croquis Non
  • Dimension en cm 23,8x37,2
  • Cachet de cire Oui
  • Nature du document Lettre Autographe Signée
  • Cote musée bibliothèque Ms 241 pièce 46
  • Cachet de la poste [Cachet triangulaire rouge] P
  • Données matérielles Trou feuillet droit
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Transcription modernisée

À Madame Verninac
Poste restante
À Mansle.
Charente.

Le 27 avril 1822.

Ma chère soeur,

Je sors de chez M. Boilleau qui m’a appris un malheur affreux1. Il le savait d’un avoué de nos adversaires. Je ne te parle pas de ma douleur quand je pense à la tienne. Celle de M. Boilleau m’a paru sincère. Voilà ce qu’il m’a dit : « Dans une aussi affreuse conjoncture, votre sœur a besoin surtout d’un guide sûr et bon. Qu’elle écrive aussitôt à M. Lacan. C’est un excellent homme. Qu’elle le conjure dans les termes touchants que ne lui inspirera que trop son malheur, de venir la diriger au milieu de toutes ces affaires ». Il est libre de son temps et sa bienveillance a toujours été telle pour nous que M. Boilleau ne doute pas qu’il ne s’y rendît de bon cœur. Ce que te conseille M. Boilleau, cet excellent ami, je te le conseille bien également, ma pauvre sœur ; écris-lui de suite : supplie-le de mettre le comble aux obligations que nous lui avons par ce dernier et si important service. Prie-le de vouloir bien m’accompagner près de toi2. Nous espérons M. Boilleau et Moreau et moi, pouvoir arranger le mieux possible les affaires ici, au moyen du bail qui est fait en mon nom. La présence de M. Lacan là-bas serait de la plus grande importance. Tu le sens bien toi-même. N’épargne donc rien pour l’obtenir de lui. Adieu chère sœur et cher neveu, je vous embrasse bien du fond de mon cœur. En nous réunissant tous trois contre le malheur, quand nous n’aurons plus d’espérance du côté de cette malheureuse Forêt, peut-être trouverons-nous d’autres ressources. Je m’estime encore heureux d’avoir pu étudier pendant quelques années sans être obligé de fournir à mes besoins. Puisse cette ressource nous être utile. Adieu encore une fois.

E. Delacroix

 


1 La mort du beau-frère de Delacroix, Raymond de Verninac, le 23 avril 1822.
2 A la forêt de Boixe pour essayer de régler les problèmes financiers d’Henriette de Verninac.

Transcription originale

Page 1

29 avril [dans le sens inverse]

 

à Madame

Madame Verninac

Poste restante

à Mansle.

Charente.

 

3.90 [chiffres écrits à la perpendiculaire]

Page 2

Le 27 avril 1822.

Ma chère soeur,

Je sors de chez Mr. Boilleau qui m’a appris un malheur
affreux, que je Il le savait d’un avoué de nos adversaires. Je
ne te parle pas de ma douleur quand je pense à la tienne.
Celle de Mr. Boilleau m’a paru sincère. Voila ce qu’il m’a dit :
dans une aussi affreuse conjoncture votre sœur a besoin surtout
d’un guide sur et bon. qu’elle ecrive aussitôt à Mr Lacan.
C’est un excellent homme. qu’elle le conjure dans les termes
touchans que ne lui inspirera que trop son malheur, de
venir la diriger au milieu de toutes [mot interlinéaire] ces affaires. Il est libre de
son temps et sa bienveillance a toujours eté telle pour nous
que Mr. Boilleau ne doute pas qu’il ne sy rendit de bon
cœur. Ce que te conseille Mr. Boilleau, cet excellent ami,
je te le conseille bien egalement, ma pauvre sœur ; ecris lui
nous lui avons par ce dernier et si important service. Prie
le de vouloir bien m’accompagner près de toi. Nous esperons
Mr. Boilleau et Moreau et moi, pouvoir arranger le
mieux possible les affaires ici, au moyen du bail qui est fait
en mon nom. La presence de Mr. Lacan la-bas serait de

Page 3

la plus grande importance. tu le sens bien toi-même :
n’epargne donc rien pour l’obtenir de lui. Adieu chere
sœur et cher neveu je vous embrasse bien du fond de
mon cœur. en nous reunissant tous trois contre le malheur,
quand nous n’aurons plus d’esperance du coté de cette
malheureuse forêt, peut être trouverons nous d’autres ressources.
Je m’estime encore heureux d’avoir pu étudier pendant
quelques années sans etre obligé de fournir à  mes besoins.
Puisse cette ressource nous être utile. adieu encore une fois.

E. Delacroix

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