Lettre à Pierre-Antoine Berryer, 19 octobre 1854

  • Cote de la lettre ED-MD-1854-OCT-19-A
  • Auteur Eugène DELACROIX
  • Destinataire Pierre-Antoine BERRYER
  • Date 19 Octobre [1854]
  • Lieux de conservation Paris, musée Eugène Delacroix
  • Éditions précédentes -
    , inédite.
  • Historique Acquise par le service des bibliothèques et des archives des musées nationaux avec la participation de la Société des Amis d’Eugène Delacroix auprès de la librairie Les Autographes, février 1992.
  • Enveloppe Non
  • Nombre de pages écrites 2
  • Présence d’un croquis Non
  • Format in - 8°
  • Dimension en cm 20,8x27
  • Cachet de cire Non
  • Nature du document Lettre Autographe Signée
  • Cote musée bibliothèque LA 31631/13
  • Données matérielles pliée en 3
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Transcription modernisée

Champrosay 19 oct.

Mon cher cousin,

Dans l’impossibilité où je me trouvais à cause de mes petites affaires d’aller vous joindre avant le moment que je vous ai annoncé1, je me suis laissé en outre, et n’ai pu m’en dispenser, engager pour dimanche par de très aimables voisines que j’ai ici et qui me réunissent ce jour-là avec d’autres personnes venues de Paris2. Vous jugez de mon comble de chagrin quand vous m’apprenez par votre dernière lettre, qu’en partant demain vendredi, j’eusse pu faire la route du chemin de fer jusqu’à Augerville dans l’aimable société dont vous me parlez3. Je ne puis donc partir que lundi, tout chagrin de ce retard. Je le ferai par Fontainebleau qui m’offre plus de commodités par ici. Je suppose que toutes les voitures de ce pays là connaissent Augerville et m’y mèneront sans encombre.

Faut-il que pour aussi peu de succès vous ayez pris tant de peine et que vous vous soyez fatigué à tant écrire à un véritable ingrat ! Dites bien au moins à ces dames que je sens vivement tout ce que je perds et dites-vous aussi que je regarde comme une véritable perte chaque jour que je ne passe pas près de vous.

A lundi donc, cher cousin, s’il plaît à Dieu et mille tendres amitiés.

Eug. Delacroix.

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1 Delacroix avait écrit à Berryer le 13 octobre qu’étant encore à Champrosay, il pourrait partir le 25 au matin « de manière à trouver le convoi à Juvisy » (Paris, musée Eugène Delacroix, LA 31 631/10). Il lui fallait en effet terminer différents tableaux qu’il avait apportés de Paris (cf. Journal, éd. Hannosh, t. I, p. 853).

2 Sans doute Madame Barbier ou Madame Villot.

3 Augerville-la-Rivière, propriété de Berryer, près de Malesherbes, où Delacroix séjourna à maintes reprises à partir de 1854. Berryer avait suggéré à Delacroix de rejoindre trois de ses amies (dont sans doute Mesdames de La Grange et de Vaufreland) le samedi 21 octobre à la gare d’Etampes (Paris, musée Eugène Delacroix, LA 31 631/11 et 12). Mais le peintre n’arriva à Augerville que le lundi 23 octobre, en ayant pris le cabriolet à Fontainebleau (cf. Journal, éd. Hannosh, t. I, p. 855). Le 25 octobre, il écrivit à Jenny Le Guillou : « Je suis arrivé ici avant-hier et sans accident. J’ai trouvé le cabriolet à Fontainebleau : malheureusement, il pleuvait beaucoup, ce qui [a] un peu allongé le voyage » (Johnson, Hannoosh, Nouvelles lettres, p. 74-75).

 

Transcription originale

Page 1

 

Champrosay 19 oct.

Mon cher cousin,

Dans l’impossibilité où je
me trouvais à cause de mes petites
affaires, d’aller vous joindre avant
le moment que je vous ai annoncé,
je me suis laissé en outre et n’ai
pu m’en dispenser, engager pour dimanche
par de très Aimables voisines que j’ai
ici et qui me réunissent ce jour-là
avec d’autres personnes venues de
Paris. Vous jugez de mon comble
de chagrin quand vous m’apprenez
par votre dernière lettre, qu’en partant
demain vendredi, j’eusse pu faire
la route du chemin de fer jusqu’a
Augerville, dans l’aimable societé dont
vous me parlez. Je ne puis donc partir

 

Page 2

 

que lundi tout chagrin de ce
retard. Je le ferai par fontainebleau
qui m’offre plus de commodités
par ici. Je suppose que toutes les
voitures de ce pays là connaissent
augerville et m’y mèneront
sans encombre.

Faut il que pour aussi peu
de succès vous ayez pris tant de
peine et que vous vous soyez fatigué
à tant ecrire à un veritable ingrat.
Dites bien aumoins à ces dames
que je sens vivement tout ce que
je perds et dites vous aussi que
je regarde comme une veritable
perte chaque jour que je ne passe
pas près de vous.

À lundi donc, cher cousin
s’il plait à Dieu et mille tendres amitiés

Eug Delacroix.

 

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