Ce 18 nov.

Mon cher cousin,

A présent que je suis sorti des cérémonies, je viens vous redire tout le bonheur que j’ai eu à me voir ces quelques jours près de vous. Je pense à cette bonté et à cet admirable esprit présent à tout et dont le charme réuni n’est qu’en vous¹.

J’ai été fort fêté : le grade que j’ai eu², et je l’ai dû au vœu des membres du jury. C’est certainement le côté le plus agréable. Dites mille choses aux charmantes personnes que j’ai vues à Augerville³, si vous jouissez encore de leur société. Dites aussi à M. Richom⁴ à qui j’envoie mille amitiés que je n’ai point procuré de billets pour visiter l’Hôtel de ville aux personnes qu’il m’a désignées, parce que les visites sont interdites jusqu’à nouvel ordre⁵. Il m’a été impossible de voir Mad. de La Grange comme j’avais espéré le pouvoir, afin de vous en donner des nouvelles.

Recevez mille tendres amitiés.

Eug. Delacroix.

¹ Delacroix a recopié ce paragraphe dans son Journal le même jour (Journal, éd. Hannoosh, t. I, p. 973). Trois jours auparavant avait eu lieu la distribution des récompenses à l’issue de l’Exposition universelle de 1855. Du 7 au 14 novembre, Delacroix avait passé quelques jours chez Berryer, à Augerville.

² Delacroix avait reçu l’une des seize grandes médailles d’honneur et avait en outre été promu commandeur de la Légion d’honneur.

³ Augerville-la-Rivière, près de Malesherbes (Loiret). Berryer y avait une propriété où Delacroix fit de fréquents séjours à partir de 1854.

⁴ Richomme (dates inconnues), camarade d’enfance de Berryer avec qui il avait fait son droit, était un habitué d’Augerville. Surnommé Rikowski par Mme Berryer, il avait un physique peu séduisant mais un esprit original (Berryer. Souvenirs intimes par Mme la Vtesse A. de Janzé, née Choiseul, Paris, E. Plon et Cie, 1881, p. 209-211 et Souvenirs de Madame C. Jaubert. Lettres et Correspondances, Paris, J. Hetzel et Cie, [1881], p. 6-7).

⁵ Delacroix avait été chargé de la décoration du salon de la Paix à l’Hôtel de ville de Paris en décembre 1851. Le chantier fut terminé en mars 1854.

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Ce 18 nov.

Mon cher cousin,

à présent que je suis sorti des
cérémonies je viens vous redire tout
le bonheur que j’ai eu à me voir
ces quelques jours près de vous. je pense
à cette bonté et à cet admirable
esprit présens à tout et dont le
charme réuni n’est qu’en vous.

J’ai été fort fêté : le grade que j’ai
eu, et je l’ai dû au vœu des membres
du jury : c’est certainement le coté
le plus agreable. dites mille choses aux
charmantes personnes que j’ai vues à
augerville, si vous jouissez encore de
leur societé : dites aussi à M. Richom
à qui j’envoie mille amitiés, que

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je n’ai point procuré de billets
pour visiter l’hotel de ville, aux
personnes qu’il m’a designées, par-
-ceque les visites sont interdites jusqu’à
nouvel ordre. Il m’a eté impossible
de voir Mad. de Lagrange comme
j’avais esperé le pouvoir afin de vous
en donner des nouvelles.

Recevez mille tendres amitiés

Eug Delacroix.