Lettre à Pierre-Antone Berryer, 08 janvier 1857

  • Cote de la lettre ED-MD-1857-JAN-08-A
  • Auteur Eugène DELACROIX
  • Destinataire Pierre-Antoine BERRYER
  • Date 08 Janvier 1857
  • Lieux de conservation Paris, musée Eugène Delacroix
  • Éditions précédentes -
    , inédite.
  • Historique par le service des bibliothèques et des archives des musées nationaux avec la participation de la Société des Amis d’Eugène Delacroix auprès de la librairie Les Autographes, février 1992.
  • Enveloppe Non
  • Nombre de pages écrites 2
  • Présence d’un croquis Non
  • Format in - 8°
  • Dimension en cm 20,6x26,4
  • Cachet de cire Non
  • Nature du document Lettre Autographe Signée
  • Cote musée bibliothèque LA 31631/50
  • Données matérielles pliée en 3
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Transcription modernisée

 

Ce 8 janvier 1857

Mon cher cousin,

Je vous remercie bien d’avoir pensé à mes petites affaires du moment1. Je puis dire que si j’entre dans ce docto corpore2 ç’aura été par procuration comme un mariage de grand seigneur, puisque je n’ai fait mes visites que par lettres3. Il y en a quelques uns qui sont venus me voir très aimablement et cela paraît en bonne voie.

Quant à ma santé, elle peut aller bien si je me comporte bien. J’ai fait un petit essai de sortie, pensant faire mes visites et cela m’a très mal réussi4. Je ne peux me rétablir d’une indisposition qui n’a l’air de rien, mais qui peut me tenir tout l’hiver, que par une retraite encore prolongée. Je serai donc forcé de me priver pour la semaine prochaine de toute tentative de monde et de conversation même intime. Je suis essoufflé toute la soirée pour une petite entrevue dans la journée. Pardonnez-moi jusqu’à nouvel ordre, cher cousin, de me priver du plaisir très grand très grand de passer avec vous de bons moments.

Mille amitiés et dévouements.

Eug. Delacroix


1 La candidature de Delacroix à l’Institut, au fauteuil du peintre Paul Delaroche (1797-1856). Berryer avait écrit la veille à Delacroix pour l’informer que l’élection était prévue pour le samedi et que son seul rival était le peintre Henri Lehmann (1814-1882). A son avis, Delacroix devait l’emporter (Paris, musée Eugène Delacroix, LA 31 631/49).

2 Delacroix utilise également cette formule dans la lettre qu’il adresse le 21 janvier 1857 à Théophile Gautier pour le remercier de son « splendide et mille fois bienveillant article » paru dans L’Artiste le 18 janvier 1857, « Eugène Delacroix à l’Institut » (Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, AR 20 L31 ; Joubin, Corr. gén, t. III, p. 368).

3 Delacroix avait contracté le 16 décembre 1856 un rhume qui l’obligea à garder la chambre. Il ne put, pour cette raison, rendre visite aux membres de l’Académie conformément au protocole régissant les candidatures (voir à ce sujet les lettres adressées à Ingres (Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, AR 20L30), à Abel de Pujol, au président de l’Académie des Beaux-Arts (Joubin, Corr. gén, t. III, p. 354-355).

4 Cf. lettre de Delacroix à l’architecte Hector Lefuel, en date du 7 janvier 1857 : « J’ai essayé de sortir il y a trois jours et j’ai éprouvé des accidents qui m’ont fait craindre une rechute : il faut absolument que je me soigne encore quelques jours. » (Joubin, Corr. gén, t. III, p. 358).

 

Transcription originale

Page 1

 

Ce 8 janvier 1857

Mon cher cousin,

Je vous remercie
bien d’avoir pensé à mes petites
affaires du moment. Je puis dire que
si j’entre dans ce docto corpore
c’aura eté par procuration comme
un mariage de grand seigneur, puisque
je n’ai fait mes visites que par lettres.
Il y en a quelques uns qui sont venus
me voir très aimablement et cela
parait en bonne voie.

Quant à ma santé elle peut
aller bien si je me comporte bien : j’ai
fait un petit essai de sortie, pensant
faire mes visites et cela m’a très mal
reussi : Je ne peux me rétablir d’une
indisposition qui n’a l’air de rien, mais

 

Page 2

 

qui peut me tenir tout
l’hiver que par une retraite encore
prolongée. Je serai donc forcé
de me priver pour la semaine
prochaine de toute tentative
de monde et de conversation même
intime. Je suis essoufflé toute la
soirée pour une petite entrevue
dans la journée. Pardonnez
moi jusqu’à nouvel ordre,
cher cousin, de me priver du plaisir
très grand tres grand de passer
avec vous de bons moments.

Mille amitiés et devouements

Eug Delacroix

 

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