Lettre à Pierre Antoine-Berryer, 03 mars 1857

  • Cote de la lettre ED-MD-1857-MAR-03-A
  • Auteur Eugène DELACROIX
  • Destinataire Pierre-Antoine BERRYER
  • Date 03 Mars 1857
  • Lieux de conservation Paris, musée Eugène Delacroix
  • Éditions précédentes -
    , inédite.
  • Historique Acquise par le service des bibliothèques et des archives des musées nationaux avec la participation de la Société des Amis d’Eugène Delacroix auprès de la librairie Les Autographes, février 1992.
  • Enveloppe Non
  • Nombre de pages écrites 2
  • Présence d’un croquis Non
  • Format in - 8°
  • Dimension en cm 20,5x26,4
  • Cachet de cire Non
  • Nature du document Lettre Autographe Signée
  • Cote musée bibliothèque LA 31631/52
  • Données matérielles pliée en 3
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Transcription modernisée

 

Ce 3 mars 1857

Mon cher cousin,

J’ai reçu avec bien de l’affliction la nouvelle de la mort de monsieur votre frère1. Quand vous eûtes la bonté de venir dernièrement me visiter, vous ne m’avez pas parlé de son état : je me rappelle pourtant que la première fois en me quittant vous alliez le voir et paraissiez inquiet de sa santé. Si ce malheur était tout à fait inattendu, il a dû vous causer encore plus de douleur. Je sais trop, de quelque manière qu’un pareil coup nous frappe, quel vide laisse dans la vie une personne liée à tous nos souvenirs et à tout ce que le sang et l’affection réveillent en nous de sentiments. Je me rappelle que dans une occasion semblable, quand je me trouvais à Bordeaux, isolé et malade après la mort de mon pauvre frère, vous fûtes des premiers, quoiqu’alors nous vécussions presque séparés, à me donner un signe de sympathie et de tendresse, qui fut pour moi une grande consolation2. Je cède à un mouvement pareil, en venant à mon tour prendre part de tout mon cœur à votre chagrin3.

Recevez mon cher cousin mille amitiés et dévouements.

Eug. Delacroix

J’ignore l’adresse de madame votre sœur : je vous serais bien reconnaissant de vouloir bien lui exprimer pour moi les mêmes sentiments.


1 Hippolyte-Nicolas Berryer (1795 – 1857), général de brigade.

2 Delacroix avait écrit à Berryer qui avait repris contact avec lui le 14 juillet 1845, pour lui faire part de la nouvelle (Paris, musée Eugène Delacroix, LA 31 631/3). Berryer lui avait répondu le lendemain (Paris, musée Eugène Delacroix, LA 31 631/5).

3 Berryer remercia Delacroix pour son « amicale et bienfaisante lettre » par retour du courrier : « La perte de mon frère ajoute cruellement à mes autres tristesses, mais elle me rend plus nécessaire et plus cher le lieu de parenté qui vous rapproche de moi. » (lettre Paris, musée Eugène Delacroix, LA 31 631/53).

 

Transcription originale

Page 1

 

Ce 3 mars 1857

Mon cher cousin,

J’ai reçu avec bien de
l’affliction la nouvelle de la mort de
monsieur votre frère : quand vous eutes la
bonté de venir dernierement me visiter
vous ne m’avez pas parlé de son etat : je
me rappele pourtant que la premiere fois
en me quittant vous alliez le voir et parais-
-siez inquiet de sa santé : si ce malheur
etait tout a fait inattendu il a du vous
causer encore plus de douleur : je scais trop,
de quelque maniere qu’un pareil coup nous
frappe, quel vide laisse dans la vie, une
personne liée à tous nos souvenirs et à tout
ce que le sang et l’affection pouvant donner reveillent en nous [3 mots interlinéaires]
des droits à notre tendresse de sentimens [2 mots interlinéaires]. je me rappele que
dans une occasion semblable, quand je me

 

Page 2

 

trouvai [mot interlinéaire] à Bordeaux [mot baré] isolé et malade
après la mort de mon pauvre frère,
vous fûtes des premiers, quoiqu’alors
nous vécussions presque separés, à me
donner un signe de sympathie et de
tendresse, qui fut pour moi une grande
consolation. Je cède à un mouvement
pareil, en venant à mon tour prendre
part de tout mon coeur à votre chagrin.

Recevez mon cher cousin mille
amitiés et devouements.

Eug Delacroix

J’ignore l’adresse de madame votre
soeur : je vous serais bien reconnaissant
de vouloir bien lui exprimer pour moi
les mêmes sentimens.

 

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