Lettre à Guillaume-Auguste Lamey, 1er juillet 1857

  • Cote de la lettre ED-IN-1857-JUIL-01-A
  • Auteur Eugène DELACROIX
  • Destinataire Guillaume-Auguste LAMEY
  • Date 01 Juillet 18[57]
  • Lieux de conservation Paris, bibliothèque de l'INHA, collections Jacques Doucet
  • Éditions précédentes Joubin, Correspondance générale, 1936-38
    , t. III, p. 395-397.
  • Enveloppe Non
  • Nombre de pages écrites 3
  • Présence d’un croquis Non
  • Dimension en cm 21,8x35
  • Cachet de cire Non
  • Nature du document Lettre Autographe Signée
  • Cote musée bibliothèque Ms. 238 pièce 29
Agrandir la page 1
Agrandir la page 2
Agrandir la page 3

Transcription modernisée

 

Paris, ce 1er juillet

Cher et bon cousin,

Je vous écris de Paris où j’ai été obligé de revenir jusqu’à nouvel ordre afin de consulter sur ma santé. Depuis trois semaines, j’avais sans m’en douter une fièvre lente qui m’a graduellement ôté toutes mes forces1 et que j’avais prise accidentellement, indépendamment de mon indisposition de poitrine. J’espère que la quinine en aura raison ; malheureusement l’autre maladie n’est pas aussi facile à détruire et la moindre conversation m’ôte le souffle et toute énergie.

Voici cependant l’espoir auquel je me raccroche encore : si ma fièvre se passe et que ma poitrine [va] un peu mieux, je partirai pour Strasbourg le 20 au plus tard : nous aurions encore un peu de belle saison devant nous. Comme je redoute surtout la fatigue, de quelque nature qu’elle soit, je ne vous réponds pas de faire avec vous de grandes excursions. Ce que je désire surtout, c’est de vous embrasser et de vous témoigner de nouveau mon plaisir de nous retrouver ensemble.

Dans le cas où je ne pourrais absolument aller vous trouver sans imprudence, ou bien dans celui où je ne pourrais aller plus loin que Strasbourg, il vous resterait encore dans le mois d’août assez de beaux jours pour faire de votre côté votre voyage habituel à Bade.

Voilà, cher et bon cousin, ce que je puis raisonnablement me promettre. J’ai pris de bonne grâce mon parti de ne rien faire et de m’ennuyer en attendant que la santé me revienne. Ce ne sont donc pas mes occupations qui m’empêcheraient d’aller vous [re]joindre, car je ne puis donner un coup de pinceau et je passe mes journées à lire ou à tourner autour de ma chambre.

Je vous embrasse bien de tout cœur.

Eugène Delacroix

Donnez-moi de votre côté, je vous en prie, des nouvelles de votre santé. Buloz m’a de nouveau confirmé dans l’espoir que je vous ai dit : il m’a dit que M. Taillandier avait effectivement un travail sur le chantier et il espère qu’il pourra l’insérer prochainement2.

 


1 Delacroix note le 24 juin :"je prends le parti de revenir de Champrosay pour voir Rayer pour cette fièvre singulière qui me tient depuis mon dernier voyage à Paris et m’ôte graduellement mes forces. J’avais projeté de partir demain. Je me décide brusquement à m’embarquer ce soir même" (Journal, éd. Hannoosh, t. I, p. 1157). Il consulte son médecin les 25 et 28 juin et le 1er juillet (Journal, éd. Hannoosh, t. I, p. 1158-1160).
2 Voir à ce sujet les notes 3 et 4 de la lettre du 26 juillet 1856 et la note 4 de la lettre du 12 juin 1857.

 

Transcription originale

Page 1

Paris ce 1er juillet.

 

Cher et bon cousin,

 

Je vous ecris de Paris où j’ai
eté obligé de revenir jusqu’à nouvel ordre
afin de consulter sur ma santé. Depuis
trois semaines j’avais sans m’en douter
une fièvre lente qui m’a graduellement
ôté toutes mes forces et que j’avais prise
accidentellement independamment de mon
indisposition de poitrine. J’espère que la
Quinine en aura raison : malheureusement
l’autre maladie n’est pas aussi facile à
détruire et la moindre conversation m’ote
le souffle et toute energie.

Voici cependant l’espoir auquel je me
raccroche encore : si ma fievre se passe et
que ma poitrine aille un peu mieux, je
partirai pour Strasbourg le 20 au plus tard :
nous aurions encore un peu de belle saison
devant nous. Comme [mot barré illisible] je redoute surtout
la fatigue, de quelque nature qu’elle soit,


 

Page 2

je ne vous reponds pas de faire
avec vous de grandes excursions. Ce
que je desire surtout c’est de vous
embrasser et de vous temoigner de nou-
-veau mon plaisir de nous retrouver
ensemble.

Dans le cas où je ne pourrais abso-
-lument aller vous trouver sans impru-
-dence, ou bien dans celui où je ne
pourrais aller plus loin que Strasbourg,
il vous resterait encore dans le
mois d’aout assez de beaux jours pour
faire de votre coté votre voyage habi-
-tuel à Bade.

Voila, cher et bon cousin, ce que je
puis raisonnablement me promettre. J’ai
pris de bonne grâce mon parti de ne
rien faire et de m’ennuyer en attendant
que la santé me revienne. Ce ne sont donc
pas mes occupations qui m’empecheraient
d’aller vous joindre, car je ne puis donner

 

Page 3

un coup de pinceau et je passe mes
journées à lire ou à tourner autour
de ma chambre.

Je vous embrasse bien de tout
cœur.

EugDelacroix

 

donnez moi de votre coté, je vous
en prie des nouvelles de votre santé.
Buloz m’a de nouveau confirmé
dans l’espoir que je vous ai dit : il
m’a dit que M. Taillandier avait
effectivement un travail sur le chan-
-tier et il espere qu’il pourra l’inserer
prochainement.

 

 

 

 

Précédent | Suivant