Lettre à Guillaume-Auguste Lamey, 27 mars 1857

  • Cote de la lettre ED-IN-1857-MAR-27-A
  • Auteur Eugène DELACROIX
  • Destinataire Guillaume-Auguste LAMEY
  • Date 27 Mars 18[57]
  • Lieux de conservation Paris, bibliothèque de l'INHA, collections Jacques Doucet
  • Éditions précédentes Joubin, Correspondance générale, 1936-38
    , t. III, p. 381-382.
  • Enveloppe Non
  • Nombre de pages écrites 2
  • Présence d’un croquis Non
  • Dimension en cm 20,6x26,8
  • Cachet de cire Non
  • Nature du document Lettre Autographe Signée
  • Cote musée bibliothèque Ms. 238 pièce 27
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Transcription modernisée

Ce 27 mars [1857], vendredi

 

Oui, je suis en faute, cher cousin, et je me le reproche amèrement, j’ai voulu de jour en jour vous écrire et je me suis laissé prévenir par votre lettre bonne et affectueuse. Veuillez donc me pardonner et croire que je n’ai pas moins pensé à vous pendant cette convalescence1, qui n’est pas encore à son terme puisque je n’ai pas remis le pied dans mon atelier, mais qui me laisse l’espoir d’y rentrer dans quelques jours. La nature répare bien lentement les brèches qu’elle fait quelquefois en un instant à notre frêle machine. Je suis en apparence maintenant comme un homme en santé : je mange, je dors bien et néanmoins, quand je sors un peu dans la journée pour prendre l’air, je suis fatigué au bout de peu de temps et, quand j’essaie de m’appliquer à quelque travail, je sens que je n’ai pas encore toute mon armée à mes ordres ; je commande et mes soldats, c’est-à-dire mes facultés, ne m’obéissent pas.

Je suis bien heureux, au contraire, des bonnes nouvelles que vous me donnez de votre santé et je me réjouis toujours bien vivement du moment de notre réunion, qui me fera oublier mes infortunes de cet hiver. Je vous écrirai, j’espère dans peu, quand j’aurai repris mon travail.

Adieu, cher cousin, maintenez-vous bien ; n’oubliez pas l’exercice modéré si nécessaire à la santé : quant à la sobriété, je n’ai pas besoin de vous la recommander.

Je vous embrasse de tout cœur.

Eugène Delacroix

 


1 Voir la note 2 de la lettre du 21 février 1857.

 

Transcription originale

Page 1

Ce 27 mars [1857]
vendredi.

 

Oui je suis en faute, cher cousin,
et je me le reproche amèrement j’ai
voulu de jour en jour vous ecrire et
je me suis laissé prévenir par votre lettre
bonne et affectueuse. Veuillez donc me
pardonner et croire que je n’ai pas
moins pensé à vous pendant cette conva-
-lescence qui n’est pas encore à son terme
puisque je n’ai pas remis le pied dans
mon atelier, mais qui me laisse l’espoir
[mot barré illisible] d’y rentrer dans quelques jours.
La nature répare bien lentement les
brêches qu’elle fait quelquefois en un
instant à notre frêle machine. Je
suis en apparence maintenant comme
un homme en santé : je mange, je
dors bien et néanmoins quand je sors
un peu dans la journée pour prendre
l’air, je suis fatigué au bout de peu de


Page 2

temps et quand j’essaie de m’appliquer
à quelque travail, je sens que je
n’ai pas encore toute mon armée
à mes ordres ; je commande et mes
soldats, c’est à dire mes facultés,
ne m’obeissent pas.

Je suis bien heureux au contraire
des bonnes nouvelles que vous me
donnez de votre santé et je me réjouis
toujours bien vivement du moment
de notre réunion qui me fera oublier
mes infortunes de cet hiver. Je vous
ecrirai, j’espère dans peu, quand j’aurai
repris mon travail.

Adieu, cher cousin, maintenez
vous bien ; n’oubliez pas l’exercice
moderé si nécessaire à la santé : quant
à la sobrieté, je n’ai pas besoin de vous
la recommander.

Je vous embrasse de tout cœur

EugDelacroix

 

 

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