Lettre à Pierre-Antoine Berryer, 08 février 1858

  • Cote de la lettre ED-MD-1858-FEV-08-A
  • Auteur Eugène DELACROIX
  • Destinataire Pierre-Antoine BERRYER
  • Date 08 Février 1858
  • Lieux de conservation Paris, musée Eugène Delacroix
  • Éditions précédentes -
    , inédite.
  • Historique Acquise par le service des bibliothèques et des archives des musées nationaux avec la participation de la Société des Amis d’Eugène Delacroix auprès de la librairie Les Autographes, février 1992.
  • Enveloppe Non
  • Nombre de pages écrites 2
  • Présence d’un croquis Non
  • Format in - 8°
  • Dimension en cm 20,6x26,4
  • Cachet de cire Non
  • Nature du document Lettre Autographe Signée
  • Cote musée bibliothèque LA 31631/67
  • Données matérielles pliée en 3
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Transcription modernisée

Ce 8 février 1858

Mon cher cousin,

Je viens intriguer auprès de vous et je vous en demande d’avance pardon. Vous avez deux places à donner à l’Académie. On m’assure que l’un des candidats a les plus grandes chances et qu’il ne faut pas en parler : c’est M. de Marcellus1. Le second, M. de la Prade, en a beaucoup aussi, me dit-on. Cependant si vous ne vous êtes pas promis d’être pour tous les deux, j’ai l’audace de vous demander une première voix pour M. Léon Halévy que je connais d’ancienne date et dont le frère, par parenthèse, a été l’un de mes pères à l’Académie.

M. Léon Halévy m’a dit que vous lui aviez parlé avec bonté : non qu’il suppose que cela puisse influer sur votre choix, mais je viens aussi vous apporter ma petite recommandation et ose m’assurer que vous ferez ce qui sera possible2.

Je dois à la dure réclusion qui m’empêche de vous rencontrer le soir et qui me fait ne sortir pendant le jour que le couteau sur la gorge, je dois, dis-je à ces précautions qui me coûtent moins qu’à nul autre, de n’avoir encore éprouvé aucun accident du froid. J’entends dire pendant ce temps-là que les natures les plus robustes ne sont point à l’épreuve de l’influence de la saison. Je vous conjure de veiller avec le plus grand soin aux moindres symptômes de la grippe : mon médecin m’assure qu’elle est presque toujours du plus grand danger quand on la néglige.

Veuillez me rappeler au souvenir de Madame Berryer et d’embrasser pour moi votre bon petit Henry3.

Recevez, mon cher cousin, les assurances de mon profond attachement.

Eug. Delacroix



1 Charles de Martine du Tyrac, comte de Marcellus ne fut jamais élu à l’Académie française.

2 Delacroix avait écrit à Sainte-Beuve le 9 février pour lui recommander Léon Halévy (Paris, bibliothèque de l’Institut, fonds Lovenjoul, D 2040 Ms 600 ; Joubin, Corr. gén, t. IV, p. 11). Mais Léon Halévy ne fut jamais de l’Académie.

3 Henry était le petit-fils de Berryer, né en 1853 du remariage d’Arthur Berryer avec Noémie de Gailhard.

 

 

Transcription originale

Page 1

Ce 8 fevrier 1858.

Mon cher cousin

Je viens intriguer auprès de
vous et je vous en demande d’avance
pardon. vous avez deux places à donner
à l’academie : on m’assure que l’un des
candidats a les plus grandes chances et
qu’il ne faut pas en parler : c’est M. de
Marcellus. Le second M. de la Prade en
a beaucoup aussi me dit on ; cependant
si vous ne vous êtes pas promis d’etre pour
tous les deux, j’ai l’audace de vous demander
une premiere voix pour M. Leon Halevy
que je connais d’ancienne date et dont le
frère, par parenthèse, a eté l’un de mes pères
à l’academie.

Mr. Leon Halevy m’a dit que vous
lui aviez parlé avec bonté : non qu’il sup-
-pose que cela puisse influer sur votre choix :
mais je viens aussi vous apporter ma petite
recommandation et ose m’assurer que vous
ferez ce qui sera possible.

Je dois à la dure réclusion qui m’empeche

 

Page 2

de vous rencontrer le soir et qui
me fait ne sortir pendant le jour que
le couteau sur la gorge, je dois dis je
à ces précautions qui me coûtent moins
qu’à nul autre, de n’avoir encore eprouvé
aucun accident du froid. j’entends
dire pendant ce temps là, que les natures
les plus robustes ne sont point à l’epreuve
de l’influence de la saison. Je vous conjure
de veiller avec le plus grand soin aux
moindres symptômes de la grippe : mon
medecin m’assure qu’elle est presque
toujours du plus grand danger quand on
la neglige.

Veuillez me rappeler au souvenir
de Madame Berryer et d’embrasser
pour moi votre bon petit Henry.

Recevez mon cher cousin, les assu-
-rances de mon profond attachement.

Eug Delacroix

 

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