Lettre à Pierre-Antoine Berryer, 23 février 1858

  • Cote de la lettre ED-MD-1858-FEV-23-A
  • Auteur Eugène DELACROIX
  • Destinataire Pierre-Antoine BERRYER
  • Date 23 Février 1858
  • Lieux de conservation Paris, musée Eugène Delacroix
  • Éditions précédentes -
    , inédite.
  • Historique Acquise par le service des bibliothèques et des archives des musées nationaux avec la participation de la Société des Amis d’Eugène Delacroix auprès de la librairie Les Autographes, février 1992.
  • Enveloppe Non
  • Nombre de pages écrites 3
  • Présence d’un croquis Non
  • Format in - 8°
  • Dimension en cm 20,8x26,2
  • Cachet de cire Non
  • Nature du document Lettre Autographe Signée
  • Cote musée bibliothèque LA 31631/69
  • Données matérielles pliée en 3
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Transcription modernisée

Ce 23 février 1858

Mon cher cousin,

Je regrette bien que vous ne m’ayez pas averti du moment où vous désiriez que vos tableaux à réparer fussent prêts. Comme j’ai des entrevues fréquentes avec le rentoileur, j’aurais activé l’opération. Au reçu de votre lettre j’ai envoyé chez lui et il m’assure que je les aurai dans dix jours1. Je n’oserais pour ma part vous affirmer qu’il sera exact. Cependant je ferai de mon mieux pour qu’il ne perde pas de temps. Mais si, comme je le suppose, il n’a pas mis la diligence nécessaire, il y a un temps nécessaire pour le séchage complet des toiles et pour le rebouchage des parties enlevées au moyen du mastic, sans lequel l’opération ne serait pas bonne. Quant au travail qui me regardera et que je ferai avec tant de plaisir, il ira aussi vite qu’il me sera possible.

Je ne suis pas bien certain que le même homme soit celui qu’il vous faut pour retoucher les ornements de vos deux chambres, car je pense que c’est ainsi qu’il faut entendre les raccords dont vous me parlez. J’aurai aujourd’hui ou demain une conversation avec lui à ce sujet.

Vous travaillez beaucoup : j’en conclus que vous vous portez bien. C’est ce qui m’arrive. Je suis ainsi que vous surchargé de besogne2 : la nécessité de suppléer à un an de chômage me mettrait sur les dents si mon petit régime de repos profond après le travail ne me rendait la force nécessaire. C’est encore la vie la meilleure : il y a moins de regrets après le plaisir, quoiqu’on soit privé de beaucoup de plaisirs.

Je vous embrasse bien, mon cher cousin, et aurais été vous dire tout cela sans ces alternatives de temps froid et mous qui me font redoubler de prudence.

Eug. Delacroix

 


 

1 Berryer avait écrit à Delacroix le 20 février. Préoccupé de remettre en état les chambres de sa propriété d’Augerville-la-Rivière (Loiret), il voulait avoir des nouvelles des deux toiles qu’il avait confiées au rentoileur que Delacroix lui avait indiqué : « J’ai le plus grand besoin de remettre toutes choses en place au mois d’avril » (Paris, musée Eugène Delacroix, LA 31 631/68). Le rentoileur doit être Etienne-François Haro ou quelqu’un de son atelier.
2 Dans une lettre à Constant Dutilleux, du 16 mars 1858, Delacroix avoue être accablé de demandes : « d’abord par les ouvrages que je m’étais engagé à livrer, ou plutôt que j’avais commencés avant ma maladie (Paris, Bibliothèque de l’INHA, collections Jacques Doucet, inv. Ms 239 (17) ; Joubin, Corr. gén, t. IV, p. 19).

 

 

Transcription originale

Page 1

Ce 23 fevrier 1858.

Mon cher cousin,

Je regrette bien que vous ne
m’ayez pas averti du moment où
vous desiriez que vos tableaux à reparer
fussent prêts : comme j’ai des entrevues
frequentes avec le rentoileur, j’aurais
activé l’operation. au reçu de votre lettre
j’ai envoyé chez lui et il m’assure que
je les aurai dans dix jours. Je n’oserais
pour ma part vous affirmer qu’il sera
exact : cependant je ferai de mon
mieux pour qu’il ne perde pas de temps :
mais si, comme je le suppose, il n’a pas
mis la diligence nécessaire, il y a un
temps nécessaire pour le séchage complet
des toiles et pour le rebouchage des parties
enlevées au moyen du mastic, sans lequel
l’operation ne serait pas bonne. quant
au travail qui me [mot barré] regardera [mot interlinéaire] et que je
ferai avec tant de plaisir, il ira aussi vite

 

Page 2

qu’il me sera possible.
Je ne suis pas bien certain que
le même homme soit celui qu’il
vous faut pour retoucher les ornemens
de vos deux chambres, car je pense
que c’est ainsi qu’il faut entendre
les raccords dont vous me parlez.
j’aurai aujourdhui ou demain
une conversation avec lui à ce sujet.

Vous travaillez beaucoup : j’en
conclus que vous vous portez bien :
c’est ce qui m’arrive : je suis ainsi
que vous surchargé de besogne : la
nécessité de suppleer à un an de
chômage me mettrait sur les dents
si mon petit regime de repos
profond après le travail, ne me
rendait la force nécessaire. C’est
encore la vie la meilleure : il y a
moins de regrets après le plaisir, quoiqu’on
soit privé de beaucoup de plaisirs.

Je vous embrasse bien, mon cher
cousin et aurais eté vous dire tout
cela, sans ces alternatives de temps
froid et mous qui me font redou-

 

Page 3

-bler de prudence.

Eug Delacroix

 

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