Lettre à Jean-Baptiste Pierret, non datée [1820]
- Cote de la lettre ED-ML-1820-XXX-XX-A
- Auteur Eugène DELACROIX
- Destinataire Jean-Baptiste PIERRET
- Date -- 18XX
- Lieux de conservation Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques
-
Éditions précédentes
Joubin, Correspondance générale, 1936-38
, 1935, t. I, p.66-67; Escholier, 1926, t.I, p.88; Lee Johnson, 1981, I, n°4; Noon,1992, p..88. - Historique Legs Etienne Moreau-Nélaton, 1927
- Enveloppe Non
- Nombre de pages écrites 1
- Présence d’un croquis Non
- Format in - 8°
- Dimension en cm 20,8x16
- Cachet de cire Non
- Nature du document Lettre Autographe non Signée
- Cote musée bibliothèque AR18L20
- Données matérielles Billet écrit au verso d’un courrier signé du commissaire de police
Transcription modernisée
[c.1820]1
Je suis bien fâché de ne t’avoir pas vu, mon petit ami. Je suis venu avec Félix qui n’est pas plus content que moi. Mais, du moins, fais-moi le plaisir de m’en dédommager en venant demain travailler avec moi. J’aurai modèle depuis 7 heures du matin rue de Sèvres, n°11. Tu diras au portier que tu vas chez le jeune homme qui travaille à l’atelier de M. Monvoisin2. Je t’ai apporté de la drogue pour les dents. Il faut, si tu l’emploies, t’en mettre trois ou quatre fois par jour sur la dent malade avec un peu de coton, que tu renouvelleras naturellement chaque fois et que tu laisseras sur la dent. Je te recommande de ne pas perdre la petite fiole, parce qu’elle vient d’une petite boîte dans laquelle elle s’encadre à merveille. J’avais tâché de déterminer Félix3 à venir nous tenir compagnie demain mais il m’a dit que le régime dotal l’emporterait sur le fessier de Mlle Rose4 pour cette fois.
2Raymond-Auguste-Quinsac Monvoisin (Bordeaux, 1794 – Boulogne sur Seine, 1870), peintre et lithographe, était entré dans l’atelier de Guérin en 1816 et y avait connu Delacroix qui ne l’évoque plus guère par la suite, contrairement à d’autres condisciples comme Théodore Géricault que Delacroix admirait beaucoup, Charles-Henri Callande de Champmartin qui fera son portrait (musée Carnavalet), Léon Cogniet, Paul Huet qui furent de fidèles amis…. Il eut le deuxième prix de Rome en 1820 et obtint d’y partir pour trois ans.
3Félix Guillemardet, que Delacroix, comme Pierret, voulait voir s’appliquer à la peinture ( voir lettre à Guillemardet, 20 octobre 1820, Dupont, 1954, p.119).
4Delacroix a peint plusieurs tableaux et académies d’après Mademoiselle Rose, modèle de l’atelier de Guérin, entre 1817 et 1824. La lettre pourrait dater de 1820 environ, Delacroix ayant peint une académie (Mexico, coll. Bruno Pagliai) qui évoque le même modèle à la coiffure identique de celle du modèle dessiné à la pierre noire par Bonington, académie qui porte l’inscription
« Rose April 30th 1820 » (coll.part.). C’est par ailleurs la seule mention que Delacroix fait de Mlle Rose ( voir Lee Johnson, A Critical Catalogue, 1981, t.I, L4 ).
Transcription originale
Page 1
Je suis bien faché de ne t’avoir pas vu, mon petit ami. Je
suis venu avec felix qui n’est pas plus content que moi. Mais
du moins fais moi le plaisir de m’en dédommager en venant
demain travailler avec moi. J’aurai modèle depuis 7 heures
du matin rue de Sèvres n°11. Tu diras au portier
que tu vas chez le jeune homme qui travaille à l’atelier
de Mr. Monvoisin. Je t’ai apporté de la drogue pour
les dents. il faut, si tu l’emploies, t’en mettre trois ou quatre
fois par jour sur la dent malade avec un peu de coton
que tu renouvelleras naturellement chaque fois et que tu
laisseras sur la dent. Je te recommande de ne pas
perdre la petite fiole, parce qu’elle vient d’une petite boîte
dans laquelle elle s’encadre à merveille. J’avais taché
de determiner Felix à venir nous tenir compagnie demain
mais il m’a dit que le régime dotal l’emporterait
sur le fessier de Mlle Rose pour cette fois
Page 2
Au verso :
Extraits d’une lettre à la signature du commissaire de police