Lettre à Pierre-Antoine Berryer, 09 juillet 1858

  • Cote de la lettre ED-MD-1858-JUIL-09-A
  • Auteur Eugène DELACROIX
  • Destinataire Pierre-Antoine BERRYER
  • Date 09 Juillet 1858
  • Lieux de conservation Paris, musée Eugène Delacroix
  • Éditions précédentes -
    , inédite.
  • Historique Acquise par le service des bibliothèques et des archives des musées nationaux avec la participation de la Société des Amis d’Eugène Delacroix auprès de la librairie Les Autographes, février 1992.
  • Enveloppe Non
  • Nombre de pages écrites 3
  • Présence d’un croquis Non
  • Format in - 8°
  • Dimension en cm 20,8x26,3
  • Cachet de cire Non
  • Nature du document Lettre Autographe Signée
  • Cote musée bibliothèque LA 31631/78
  • Données matérielles pliée en 3
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Transcription modernisée

Ce 9 juillet 1858

Mon cher cousin,

Je suis forcé bien malgré moi, comme vous le croirez aisément, de manquer au charmant rendez-vous que vous m’aviez donné à Augerville1 pour la fin de ce mois. J’ai eu la sottise de prendre il y a trois semaines environ un refroidissement qui m’a rendu une partie des accidents dont j’ai tant souffert. Il me faut retourner à Plombières2 sans pouvoir ajourner le voyage que j’avais fait trop tard l’année dernière à cause de l’humidité des soirées pendant la fin d’août. Quel désappointement ! Y a-t-il donc une conspiration contre tout ce que je connais de bon et d’agréable ? Et cette maudite maladie m’aura t’elle assez éprouvé. Je vous supplie de mettre aux pieds de tant de personnes aimables que je ne verrai point, les regrets trop véritablement sincères d’un pauvre homme qui n’est plus et ne peut plus être qu’un malade. Tous mes projets sont renversés. Je devais passer tout le mois de juillet à travailler à mon église3. J’y ai été deux jours dans l’état que je vous ai dit et le pinceau m’est tombé de la main.

Recevez, cher cousin, avec l’expression de ces regrets, celle de mon attachement dévoué.

Eug. Delacroix

Sot que je suis ! Je n’ai pas pensé quand je vous ai vu, au milieu de l’enchantement où j’étais de votre proposition, à vous demander si vous étiez satisfait des restaurations de M. Boulangé4.

Je pars demain matin.


1 Augerville-la-Rivière, près de Malesherbes (Loiret) où Berryer avait une propriété. Delacroix s’y rendit à maintes reprises à partir de 1854.

2 Delacroix avait déjà fait un séjour dans cette ville d’eaux des Vosges, du 10 août au 31 août 1857 (Journal, éd. Hannoosh, t. I, p. 1170 à 1172). Il arriva cette fois-ci à Plombières le 11 juillet 1858 et y demeura jusqu’au 3 août (Ibidem, t. II, p. 1246 à 1255).

3 Delacroix avait été chargé en 1849 de décorer la chapelle des Saints-Anges dans l’église Saint-Sulpice.

4 Delacroix l’avait recommandé à Berryer pour les travaux de rénovation que celui-ci voulait faire faire à Augerville (cf. lettre de Delacroix à Berryer, 16 mars et 20 mai 1858 .

Transcription originale

Page 1

Ce 9 juillet 1858.

Mon cher cousin,

Je suis forcé bien
malgré moi comme vous le croirez
aisement, de manquer au charmant
rendez vous que vous m’aviez donné
à Augerville pour la fin de ce mois.
J’ai eu la sottise de prendre il y a
trois semaines environ un refroidisse-
-ment qui m’a rendu une partie
des accidents dont j’ai tant souffert.
Il me faut retourner à Plombieres
sans pouvoir ajourner le voyage que
j’avais fait trop tard l’année derniere
à cause de l’humidité des soirees
pendant la fin d’aout. quel dés-
-appointement ! Y a t il donc une
conspiration contre tout ce que je
connais de bon et d’agreable ; et cette

 

Page 2

 

maudite maladie m’aura-
-t-elle assez eprouvé. Je vous
supplie de mettre aux pieds de
tant de personnes aimables que
je ne verrai point, les regrets trop
veritablement sincères d’un pauvre
homme qui n’est plus et ne peut
plus etre qu’un malade. tous
mes projets sont renversés. je devais
passer tout le mois de juillet à
travailler à mon eglise. J’y ai eté
deux jours dans l’etat que je vous
ai dit et le pinceau m’est tombé
de la main.

Recevez cher cousin avec l’ex-
-pression de ces regrets celle de mon
attachement devoué.

Eug Delacroix

Sot que je suis ! je n’ai pas pensé
quand je vous ai vu, au milieu de

 

Page 3

 

l’enchantement où j’etais de
votre proposition, à vous demander
si vous etiez satisfait des restau-
-rations de M. Boulangé.

Je pars demain matin.

 

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