Lettre à Pierre-Antoine Berryer, 11 août 1861

  • Cote de la lettre ED-MD-1861-AOU-11-A
  • Auteur Eugène DELACROIX
  • Destinataire Pierre-Antoine BERRYER
  • Date 11 Août 1861
  • Lieux de conservation Paris, musée Eugène Delacroix
  • Éditions précédentes Lacombe, 1885, p. 67 (partiellement); Joubin, Corr. gén, t. IV, p. 264 (idem).
  • Historique Acquise par le service des bibliothèques et des archives des musées nationaux avec la participation de la Société des Amis d’Eugène Delacroix auprès de la librairie Les Autographes, février 1992.
  • Enveloppe Non
  • Nombre de pages écrites 3
  • Présence d’un croquis Non
  • Format in - 8°
  • Dimension en cm 20,5x26,3
  • Cachet de cire Non
  • Nature du document Lettre Autographe Signée
  • Cote musée bibliothèque LA 31631/120
  • Données matérielles pliée en 3
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Transcription modernisée

Champrosay par Draveil

(Seine-et-Oise)

Ce 11 août 1861

Mon cher cousin,

Votre lettre que je n’ai lue qu’ici1, car on me l’a donnée hier comme je partais pour aller au chemin de fer, me cause une bien vive joie et la part que vous prenez à l’achèvement de ce travail vraiment bien difficile me rend bien heureux. Je suis impatient d’avoir votre impression sur cette tardive production où j’ai apporté plus de constance que de talent. On ne m’a pas dit qu’il sentit l’huile comme disait votre parent Démosthène2, et pourtant je ne suis arrivé au terme que grâce à un travail obstiné3. Rien ne serait plus facile que de le voir mercredi, seulement je crois que dès lors la clôture sera démolie ou en train de l’être. Je retournerai à Paris auparavant pour donner un coup d’œil au travail des menuisiers et des doreurs. Je craindrais donc si vous y allez le jour que vous me dites, que vous n’arriviez au milieu de la poussière4. Dans tous les cas, montrez à ceux que vous trouverez le mot que je mets à l’autre page.

Non certes, je ne manquerai pas d’aller vous embrasser à Augerville5 . Mes moments ne sont pas encore distribués pour toutes les choses arriérées dont quelques-unes sont urgentes. Me laissez vous de la marge jusqu’à l’automne comme il m’a été souvent ? C’est ce que je saurais de vous et je vous préviendrai à l’avance de ma venue pour les instants que vous me fixeriez6.

Recevez de nouveau, mon bien cher et illustre cousin, les assurances du plus respectueux dévouement.

Eug. Delacroix

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Laissez entrer dans la chapelle.
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1 Berryer avait écrit à Delacroix le 7 août pour l’informer qu’il n’avait pu encore se rendre à l’église de Saint-Sulpice admirer le travail que Delacroix avait réalisé dans la chapelle des Saints-Anges et dont il avait entendu grand bien (Paris, musée Eugène Delacroix, LA 31631/119).

2 Démosthène (Athènes, 384 av. JC-Calaurie, 322 av. JC), considéré comme le plus grand orateur de l’antiquité.

3 Delacroix avait envoyé un certain nombre d’invitations donnant accès à la chapelle entre le 21 juillet et le 3 août, mais il restait encore quelques retouches à faire sur les ornements et les boiseries (cf. lettre de Delacroix à Théophile Gautier, juillet 1861 Paris, musée Eugène Delacroix MD 1990-2 ). Pour des raisons évidentes de sécurité, la clôture de la chapelle avait donc été maintenue en place. Elle fut démontée le 21 août.

4 Berryer se rendit à l’église Saint-Sulpice le 13 août et adressa le jour même un billet enthousiaste à Delacroix (Paris, musée Eugène Delacroix, LA 31631/121).

5 Augerville-la-Rivière, près de Malesherbes (Loiret) où Berryer avait une propriété. Delacroix s’y rendit à maintes reprises à partir de 1854.

6 Delacroix séjourna à Augerville du 2 au 14 septembre (cf. Journal, éd. Hannoosh, t. II, p. 1388-1389, 1816-1817).

Transcription originale

Page 1

Champrosay par Draveil

(Seine et oise)

Ce 11 aout 1861

 

Mon cher cousin,

Votre lettre que je
n’ai lue qu’ici, car on me l’a
donnée hier comme je partais
pour [mots barrés] aller au chemin de fer [cinq mots interlinéaires], me cause une
bien vive joie et la part que vous
prenez à l’achevement de ce travail
vraiment bien difficile, me rend
bien heureux. Je suis impatient d’avoir
votre impression sur cette tardive
production où j’ai apporté plus de
constance que de talent. on ne
m’a pas dit qu’il sentit l’huile
comme disait votre parent Demos-
-thènes, et pourtant je ne suis arrivé
au terme que grâce à un travail
obstiné. Rien ne serait plus facile

 

Page 2

 

que de le voir mercredi :
seulement je crois que dès
lors la cloture sera démolie
ou en train de l’etre : je retourne-
-rai à Paris auparavant pour
donner un coup d’œil au
travail des menuisiers et des
doreurs. Je craindrais donc
si vous y aller le jour que vous
me dites, que vous n’arriviez
au milieu de la poussiere. dans
tous les cas, montrez à ceux que
vous trouverez le mot que je mets
à l’autre page.

Non certes, je ne manquerai pas
d’aller vous embrasser à augerville.
mes moments ne sont pas encore
distribués pour toutes les choses ar-
-rierées dont quelques unes sont
urgentes : me laissez vous de la

 

Page 3

 

marge jusqu’à l’automne comme
il m’a eté souvent ? c’est ce que
je saurais de vous et [deux mots barrés]
je vous préviendrais à l’avance de
ma venue pour les instants que
vous me fixeriez.

Recevez de nouveau, mon bien
cher et illustre cousin les assurances
du plus respectueux dévouement

Eug Delacroix

 

____________________

Laissez entrer dans la

chapelle.

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