Lettre à Jean-Baptiste Pierret, Londres, 1er Août 1825

  • Cote de la lettre ED-ML-1825-AOU-01-A
  • Auteur Eugène DELACROIX
  • Destinataire Jean-Baptiste PIERRET
  • Date 1 Août 1825
  • Lieux de conservation Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques
  • Éditions précédentes Joubin, Correspondance générale, 1936-38
    , 1935, t.I,p.164-169 ; Moreau-Nélaton, 1916, p. 72-73 ; Sérullaz, 1989, p.104 ; Sérullaz, 1992, n°12 ; Chillaz, 1997, Aut 538, p.104 .
  • Historique Legs Etienne Moreau-Nélaton, 1927
  • Enveloppe Non
  • Nombre de pages écrites 4
  • Présence d’un croquis Non
  • Format in - 4°
  • Dimension en cm 25x20
  • Cachet de cire Non
  • Nature du document Lettre Autographe non Signée
  • Cote musée bibliothèque AR18L24
  • Données matérielles LIgnes raturées page 3
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Transcription modernisée

Londres, ce 1er août 1825.

M. Pierret.                                                                    Paswers ( ?) gum water

Mon bon ami, je profite du départ d’un monsieur pour t’écrire quelques mots. J’ai reçu la lettre de mon neveu1 dans laquelle il me parle du logement. Je suppose que c’est là que je devrai descendre ou lui adresser quoi que ce soit, c’est-à-dire rue du Houssaye, n° 5. Dis-lui que je suis charmé du quartier et des avantages dont il me parle : mais que l’éloignement de l’atelier est quelque chose et qu’un bail est quelque chose aussi. Mais puisque c’est ainsi n’en parlons plus.─ Je pars demain pour un petit voyage de quelques jours, moitié par la Tamise, moitié par mer. C’est sur le yacht d’un ami de M. Elmore2 . Je suis fou de la marine et j’irai peut-être sous peu dans le Cornwall avec Isabey Eugène3 qui est ici et fort bon garçon. Ce serait un voyage d’une quinzaine sur les plus sauvages côtes d’Angleterre, ce qui pourrait par la suite être pour moi d’un avantage à compenser les dépenses qu’il m’occasionnerait dans ce moment. Je reviendrai ensuite à Londres où je n’aurais plus grand’chose à faire et d’où je ne tarderai pas à revenir parmi tous les amis dont je n’ai pas cessé de m’occuper dans mon imagination un seul jour depuis que je les ai quittés, et dont l’éloignement m’est plus sensible encore dans ce triste pays. Il y a décidément quelque chose de triste et de raide dans tout ici qui ne cadre pas avec tout ce qui est en France. La propreté des maisons et de quelques rues est compensée par la saleté des autres. Les femmes sont toutes mal tenues avec des bas sales et des souliers mal faits. Ce qui me frappe le plus, c’est une mesquinerie générale qui fait qu’on se croit dans un pays de gens plus petits et plus rétrécis que chez nous. Je commence à croire qu’on y est, s’il est possible, plus commère et plus ganache : chose que je n’aurais jamais pu imaginer avant de venir ici. Je ne regarde pas tout cela en économiste et en mathématicien. Sous ce rapport ils ont toutes sortes de beaux côtés que je leur laisse. Ensuite, toutes ces impressions doivent naturellement m’être assez particulières. Je me figure que l’abandon de l’Italie irait mieux à mon esprit que la netteté de l’Angleterre. Il faut convenir que c’est un coup d’œil délicieux que ces belles campagnes verdoyantes et les bords de la Tamise qui sont un jardin anglais continuel, mais cela a l’air de joujoux. Ce n’est pas assez nature. Je ne sais par quel caprice la nature a fait naître Shakespeare dans ce pays-ci. C’est lui assurément qui est le père de leurs arts, et on est tout surpris du désordre méthodique qu’ils y portent. J’ai été chez Lawrence avec quelqu’un4 qui était assez recommandé auprès de lui pour qu’il fût pour nous d’une grande complaisance . C’est la fleur de la politesse et un véritable peintre de grands seigneurs. Je te le décrirai amplement. J’ai vu chez lui de très-beaux dessins de grands maîtres et des peintures de lui, ébauches, dessins même, admirables. On n’a jamais fait les yeux, des femmes surtout, comme Lawrence, et ces bouches entr’ouvertes d’un charme parfait. Il est inimitable .
Je ne sais si je t’ai dit que j’avais vu Kean dans Shylock du Marchand de Venise. C’est admirable et nous en causerons. Je suis inconsolable d’avoir manqué Hamlet5 par Young6 . Maintenant les grands théâtres sont fermés, et d’ailleurs il fait très-chaud.
Je me mêle d’aller à cheval. M. Elmore, qui a pour moi toutes les bontés imaginables, est mon maître d’équitation. J’ai de grandes dispositions. Je me suis donné les airs de manquer trois ou quatre fois de me casser le cou. Mais tout cela forme le caractère.
Je romps des lances pour la France contre tous les Anglais possibles. Il y a dans le sang de ce peuple quelque chose de sauvage et de féroce qui perce horriblement dans la canaille, qui est hideuse. Ensuite c’est un fameux gouvernement. La liberté ici n’est pas un vain mot. L’orgueil de leurs nobles et la distinction des rangs sont poussés à un point qui me choque infiniment : mais il en résulte de bonnes choses. — Adieu, grand bon enfant. Si je meurs dans ma tournée dans les tempêtes, je ne mourrai pas Anglais mais très Français
et ton ami qui s’honore de l’être. Mille choses à ta femme et à tous les amis auxquels je n’écris pas parce que ce serait toujours la même chose. Je ne me souviens pas si j’ai répondu à Félix . Mais la présente est à son usage. Je m’étais senti une velléité de retourner en France par la Bretagne, et d’aller voir son frère , mais je ne crois pas que ce soit possible. En attendant, je l’embrasse ainsi que toi. Je tremble de ne pas le retrouver à cause de sa Bourgogne. Si tu peux retrouver le paquet de gumwater (gomme) que Fielding m’avait envoyé dans le temps, tu me ferais bien plaisir d’en donner une bonne partie à M. Auguste qui en manque totalement. Vous me répondrez à l’adresse suivante : M. Eug. Delacroix at M. A. Elmore, 3, John Street, Edgeware road. Comme je me propose de rapporter à Leblond différentes curiosités que je pourrai rencontrer, suivant ses intentions. Pour éviter que cela soit déballé et visité à Calais, je prendrai le parti de faire une caisse des objets de ce genre et de la faire plomber à mon débarquement pour être envoyée à la douane à Paris, à l’adresse de M. Leblond7. Communique ceci à Leblond, et qu’il te dise s’il y a quelque chose de mieux à faire, et quel nom imposant il faut que je lui donne comme attaché à l’administration des douanes. Cela pourra éviter jusqu’à l’apparence de difficultés. J’ai appris de ses fredaines par Edouard8 , qui n’a pu cependant
me donner des nouvelles bien précises de Mme Berger, notre amie commune, la providence des gens qui n’ont pas le bonheur d’avoir des épouses légitimes. Tu me diras comment se porte Henry9 . Tu le chargeras de me rappeler à mon oncle et à ma tante Riesener10. Tu prieras Félix de la même chose pour toute la famille et auprès de Mme Lamey et de l’oncle Pascot11 ; parle-moi de Soulier . Je le charge de mes respectueux compliments près la rue Saint-Dominique12 . M. Louis Schwiter , à qui je prends la liberté de me rappeler kindly, sera assez bon pour me faire savoir par ton moyen, et en l’informant de la délicieuse Mlle Sophia, dans laquelle des Princes Street habite la nymphe pour laquelle j’ai un anneau13 . Il y a à Londres une douzaine de Princes Street, et Londres est fort grand. On ajoute ordinairement au nom de la rue celui du square ou de l’endroit remarquable le plus voisin, comme, par exemple : Charles Street, Middlesex Hospital, etc. Il faudrait ici de fameuses leçons de bon genre, et il faut avouer que certains hommes y sont très bien. Mais je suis brouillé avec les femmes. A l’exception des pièces de Shakespeare, je n’ai rien vu sur leur théâtre qui ne fût des imitations plus ou moins maladroites de ce qu’on a en France. J’ai vu un Barbier de Séville et un Mariage de Figaro, qui sont précieux dans le genre ridicule. Leur musique est atroce. Leurs aveugles même ont moins de sentiment encore que les nôtres pour la partie instrumentale, tant violon que clarinette et flageolet. Il n’y a pas au théâtre d’air si sentimental qu’on n’y fourre de la trompette. Quand John Bull du haut de son paradis ne les entend pas, il croit que ce n’est pas de la musique et que les musiciens dorment.
N’y a-t-il rien de décidé au sujet de mes délicieuses productions dont M. Laffitte14 paraissait avoir envie? La partie finances deviendra sous peu un objet de réflexions sérieuses.


Adresse p.4
Monsieur
Monsieur Pierret
rue de F Université n° 46
Paris.

 


1Charles de Verninac (1803-1834). A son retour d’Angleterre, Delacroix va loger tout d’abord rue du Houssaye (c’est l’adresse qu’il note dans sa lettre à William Etty datée du 24 août 1825 (Johnson, Further Corr.p.92)) puis au 46 rue de l’Université chez Pierret, à proximité de son atelier qu’il loue 14 rue d’Assas.
2A. Elmore, marchand de chevaux, chez qui travaillait Delacroix (voir lettre à Pierret du 27 juin 1825, Joubin, Corr.Gén.t.I.p.163).
3Eugène Isabey fut attiré à Londres par la révélation de Constable et des paysagistes anglais au salon de 1824, et débuta à ce même salon par des marines et des paysages. Il subit profondément l’influence de Delacroix.
4Il s’agit du peintre Jules-Robert-Auguste.
5La passion de Delacroix pour Shakespeare s’est confirmée à Londres. De 1835 à 1859,  Delacroix composera pas moins de vingt tableaux de sujets shakespeariens, sans compter ses seize lithographies de 1834-1843 d’après Hamlet, personnage auquel il a pu s’identifier.
6Charles Maine Young (1777-1856), grand tragédien anglais.
7Frédéric Leblond travaillait à l’administration des douanes.
8Edouard Bertin (1797-1871), fils de Louis-François Bertin, fondateur du Journal des Débats, paysagiste, ami de Delacroix qu’il rejoint en effet en Angleterre, avec Isabey et Bonington.
9Henri Hugues (1784-1840), cousin germain de Delacroix, fils d’une sœur (Françoise) de sa mère. Delacroix fit son portrait à l’huile (Johnson, Critical Cat., t.III,p.53, J234) et à l’aquarelle (Paris, Louvre, département des Arts graphiques, RF 31281).
10Henri-François et Félicité Riesener.
11Alexandrine Lamey, fille de Charles Pascot A la mort de Victoire en 1814, elle fut comme une mère pour Delacroix.
12Soulier, ancien secrétaire du Marquis de Maisonfort, resta lié à la famille, et notamment à son neveu le général Charles de Coëtlosquet qui logeait rue Saint Dominique au ministère de la Guerre.
13Delacroix avait-il déjà une liaison avec Geneviève (Eugénie) Dalton ? Mornay suppose qu’ils se sont rencontrés en Angleterre (supposition reprise par Joubin ) mais il n’existe aucun témoignage de leur relation avant une lettre du 28 avril 1827 adressée par Mme Dalton à Delacroix (voir Journal, éd. Hannoosh, t. II, p. 2376).
14Jacques Laffitte (1767-1844), banquier et homme politique.

 

 

 

 

Transcription originale

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venir ici. Je ne regarde pas tout cela,[mots barrés] en économiste
et en mathematicien. Sous ce rapport ils ont toutes sortes de beaux côtés
que je leur laisse. Ensuite toutes ces impressions doivent naturellement
m’etre assez particulieres. je me figure que l’abandon de l’Italie irait
mieux à mon esprit que la netteté de l’angleterre. Il faut convenir
que c’est un coup d’œil delicieux que ces belles campagnes verdoyantes et
les bords de la tamise qui sont un jardin anglais continuel ; mais
cela a l’air de jouxjoux. Ce n’est pas assez nature. Je ne sais par quel
caprice la nature a fait naître Shakespeare dans ce pays-ci. C’est lui
assurement qui est le père de leurs arts, et on est tout surpris du
desordre methodique qu’ils y portent. j’ai été chez Lawrence avec
quelqu’un qui était assez recommandé auprès de lui pour qu’il fût
pour nous d’une grande complaisance. C’est la fleur de la politesse et un
[mot barré]véritable peintre de grands seigneurs, je te le décrirai amplement. J’ai vu chez lui de très-beaux dessins de grands maîtres et des peintures de lui,
ébauches, dessins même, admirables. [mot barré] On n’a jamais fait les yeux des femmes surtout, comme Lawrence et ces bouches entr’ouvertes d’un charme
parfait. il est inimitable. Je ne sais si je t’ai dit que j’avais vu Kean
dans Shylock du Marchand de Venise. C’est admirable et nous en causerons.
Je suis inconsolable d’avoir manqué Hamlet par Young. Jusqu’Maintenant
les grands théatres sontfermés etd’ailleurs il fait très-chaud. Je me mêle
d’aller à cheval. Mr. Elmore qui a pour moi toutes les bontés imaginables est mon maître d’Equitation. j’ai de grandes dispositions. je me suis donné
les airs de manquer trois ou quatre fois de me casser le cou. Mais tout cela
forme le caractere. [mot barré] Je romps des lances pour la france contre tous les Anglais possibles. Il y a dans le sang de ce peuple quelque chose de sauvage et de feroce, qui perce horriblement dans la canaille qui est hideuse. Ensuite
c’est un fameux gouvernement. la liberté ici n’est pas un vain mot. [mot barré]
l’orgueil de leurs nobles et la distinction des rangs sont poussés à un point qui me
choque infiniment : mais il en résulte de bonnes choses — Adieu, grand bon enfant
Si je meurs dans ma tournée dans les tempêtes, je ne mourrai pas anglais
mais très français et ton ami qui s’honore de l’etre. Mille choses à ta femme
et à tous les amis auxquels je n’écris pas parceque ce serait toujours la même
chose. je ne me souviens pas si j’ai répondu à felix. Mais la présente est
à son usage. je m’étais senti une velleité de retourner en France par la

 

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Bretagne et d’aller voir son frère. mais je ne crois pas que ce
soit possible en attendantje l’embrasse ainsi que toi. je tremble
de ne pas le retrouver à cause de sa Bourgogne.
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Si tu peux retrouver le paquet de GumWater (gomme) que
fielding m’avait envoyé dans le temps, tu me ferais bien plaisir
d’en donner une bonne partie à Mr Auguste qui en manque totalement.
─Soulier est un paresseux je le boude [un demi-ligne
et une ligne en dessous effacées et des mots barrés
]
M Leblond
Vous me repondrez à l’adresse suivante : M. Eug. delacroix at
Mr A. Elmore 3. john Street, Edgeware road
.[Edgeware road, interlinéaires sup.]
Comme je me propose de rapporter à Leblond différentes curiosités que
je pourrai rencontrer suivant ses intentions, pour éviter que tout cela soit [casse, interlinéaire inf.]
déballé et visité à Calais il faut je prendrai le parti de faire une caisse [caisse,interlinéaire sup.].
des objets de ce genre et de la faire plomber à mon débarquement
pour être envoyée à la douane à Paris [à Paris, interlinéaires sup.], à l’adresse de M. Leblond. Communique
ceci à Leblond et qu’il te dise s’il y a quelque chose de mieux à faire et
quel quel nom imposant il faut que je mette lui donne comme
attaché à l’administration des douanes. Cela pourra éviter jusqu’à l’apparence
de difficultés. j’ai appris de ses fredaines par Edouard, qui n’a pu cependant me
donner des nouvelles bien precises de Me Berger notre amie commune, la provi-
dence des gens qui n’ont pas le bonheur d’avoir des épouses légitimes. Tu me diras
comment se porte Henry. tu le chargeras de me rapeller à mon oncle et à ma
tante Riesener. Tu prieras felix de la même chose pour toute la famille et
auprès de Me Lamey et de l’oncle Pascot ; parle moi de Soulier. Je le charge de
mes respectueux compliments près la rue St Dominique. M. Louis Switer à qui
je prends la liberté de me rapeller Kindly, sera assez bon pour me faire savoir par
ton moyen de et en l’informant de la délicieuse Melle Sophia dans laquelle des
Princes Street habite la nymphe pour laquelle j’ai un anneau. Il y a Londres une
douzaine de Princes Street et Londres est fort grand. On ajoute ordnt au nom
de la rue celui du square ou de l’endroit remarquable le plus voisin comme, par ex.

 

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Charles Street Middlesex Hospital. Il faudrait ici de fameuses leçons de bon genre
et il faut avouer que certains hommes y sont [mot barré] très bien. Mais je suis brouillé avec les
femmes. à l’exception des pièces de Shakespeare je n’ai rien vu sur leur théâtre partout qui ne fût des imitations plus ou moins maladroites de ce qu’on a
en France. j’ai vu un barbier de Seville et un Mariage de figaro qui sont
précieux dans le genre ridicule. Leur musique est atroce. Leurs aveugles même ont
moins de sentiment que encore que les notres pour la partie instrumentale tant violon que Clarinette et flageolet. Il n’y a pas au théatre d’air si sentimental

[ici, l’adresse figure à la verticale]

Monsieur
Monsieur Pierret
rue de F Université n° 46
Paris.

qu’on n’y fourre de la trompette. Quand John Bull du haut de son paradis
ne les entend pas il croit que ce n’est pas de la musique et que les musiciens dorment.─ [mots barrés] n’y a-t-il rien de decidé au sujet
de mes délicieuses productions dont Mr Lafitte paraissait avoir envie?
La partie finance deviendra sous peu un objet de reflexions serieuses.

 

 

 

 

 

 

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M. Pierret                                                  Londres ce 1er août. 1825.
Pash….gumwater

Mon bon ami je profite du départ d’un monsieur pour
t’écrire quelques mots. J’ai reçu la lettre de mon neveu dans laquelle il
me parle du logement. je suppose que c’est là que je devrai descendre
ou lui adresser quoi que ce soit c’.a.d rue du houssaye n° 5. Dis lui que
je suis charmé du quartier et des avantages dont il me parle : mais que
l’eloignement del’atelier est quelquechose et quoique qu’un [qu’un interlinéaire sup.] bail est quelque chose
aussi. Mais puisque c’est ainsi n’en parlons plus ─je pars demain
pour un petit voyage de quelques jours moitié par la tamise moitié
par mer. C’est sur le yacht d’un ami de M. Elmore. Je suis fou de la
marine, et j’ai j’irai peutetre sous peu dans le Cornwall avec Isabey
Eugène, qui est ici et et fort bon garçon. Ce serait un voyage
d’une quinzaine dans sur les plus sauvages cotes d’angleterre, ce
qui pourrait par la suite etre pour moi d’un avantage à compenser
les dépenses qu’il m’occasionnerait dans ce moment. Je reviendrais
ensuite à Londres où je n’aurais plus grand chose à faire et d’où
je ne tarderai pas à revenir parmi tous les amis quedont je n’ai pas
cessé de m’occuper dans mon imagination un seul jour depuis
que je les ai quittés, et dont l’éloignement m’est plus sensible
encore dans ce tristepays. Il y a decidement quelque chose de triste
et de roide dans tout ici qui ne cadrent pas avec tout ce qui est en
France. La propreté des maisons et dequelques rues est compensée
par la saleté [mot barré] des autres : Les femmes sont toutes mal tenues avec
des bas sales et des souliers mal faits. [mots barrés]Ce qui me frappe le plus
[mot barré]c’est une mesquinerie generale qui fait qu’on se croit dans un
[mots barrés] pays de gens plus petits etplus rétrécis que
chez nous. Je commence à croire qu’on y est s’il est possible plus commère
et plus ganache : chose que je n’aurais jamais pu imaginer avant de

 

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