Lettre à Pierre-Antoine Berryer, 13 juillet 1863

  • Cote de la lettre ED-MD-1863-JUIL-13-A
  • Auteur Eugène DELACROIX
  • Destinataire
  • Date 13 Juillet [1863]
  • Lieux de conservation Paris, musée Eugène Delacroix
  • Éditions précédentes Lacombe, 1885, p. 73 (partiellement); Joubin, Corr. gén, t. IV, p. 378 (idem).
  • Historique Acquise par le service des bibliothèques et des archives des musées nationaux avec la participation de la Société des Amis d’Eugène Delacroix auprès de la librairie Les Autographes, février 1992.
  • Enveloppe Non
  • Nombre de pages écrites 3
  • Présence d’un croquis Non
  • Format in - 8°
  • Dimension en cm 20,7x26,7
  • Cachet de cire Non
  • Nature du document Lettre Autographe Signée
  • Cote musée bibliothèque LA 31631/145
  • Données matérielles pliée en 3
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Transcription modernisée

Champrosay, ce 13 juillet

Cher cousin, je suis sûr que vous me pardonnerez. Il y a deux mois que je garde la chambre et c’est avec difficulté que je vous écris1. J’ai eu tout l’hiver un rhume inguérissable et bref, au moment même où vous étiez acclamé, je crachais le sang et depuis je n’ai pu reprendre des forces, au contraire. Les principaux accidents et d’autres qui ont été la conséquence se sont calmés, mais la fièvre qui était latente s’est déclarée avec violence et les sueurs m’affaiblissent au point que je vais de mon lit à mon canapé sans pouvoir me tenir sur mes jambes. Pendant tout cela je n’ai pu ni écrire ni parler, et aurais-je osé me permettre de dire mon avis à un homme comme vous en si graves circonstances ? Vos amis de salon vous disent que c’est un beau succès2 : on a été trop heureux au contraire de vous avoir et vous êtes trop bon. La liberté, bon Dieu ! Elle nous étouffe.

C’est ce que je vous dis là et ma hardiesse de vous le dire qu’il faut que vous me pardonniez. Quand à ma maladie, elle m’excuse du reste auprès de vous.

Vous voyez quels projets je puis former. Je devais aller aux eaux, mais je ne pourrais pas seulement monter en voiture.

Mille respects à vos amis qui ont eu tant de bontés pour moi et particulièrement à Me.la Mse de La Grange , quant à vous je vous embrasse et vous regrette bien.

Eug. Delacroix

M. Andrieu , le peintre dont je vous ai parlé, est établi au Mans où il peint une église3. Je n’ose à mon bien grand regret vous donner de certitude à cet égard.


1 En fait, Delacroix n’a cessé d’avoir des problèmes de santé depuis plusieurs mois. Dans une lettre à Pierre Andrieu datée du 21 mai, il précisait qu’à la suite du violent rhume qui l’avait cloué au lit, il était tombé sur « l’angle d’un meuble » et se remettait difficilement de cette chute (Joubin, Corr. gén, t. IV, p. 373-375).

2 Berryer venait d’être nommé député à Marseille.

3 L’église de Notre-Dame-du-Pré : Andrieu avait été chargé des peintures du chœur avec comme sujets la mission des apôtres et les principales scènes de la vie de saint Julien (celles-ci ne sont plus en place).

 

Transcription originale

Page 1

 

Champrosay Ce 13 juillet.

 

cher cousin, je suis sur que
vous me pardonnerez. Il
y a deux mois que je garde la
chambre et c’est avec difficulté
que je vous écris. J’ai eu tout
l’hiver un rhume inguerissable
et bref au moment même où
vous etiez acclamé, je crachais
le sang et depuis je n’ai pu
reprendre des forces : au contraire.
Les principaux accidents et
d’autres qui ont eté la
conséquence se sont calmés, mais
la fievre qui etait latente s’est
declarée avec violence et les sueurs
m’affaiblissent au point que je

 

Page 2

 

vais de mon lit à mon
canapé sans pouvoir me tenir
sur mes jambes. Pendant tout
cela je n’ai pu ni ecrire ni
parler. et ose aurai-je osé
me permettre de dire mon
avis à un homme comme vous
en si graves circonstances. Vos
amis de salon vous disent que
c’est un beau succès : on a eté
trop heureux au contraire [2 mots interlinéaires] de vous avoir et
vous etes [mot interlinéaire] trop bon. La liberté
bon Dieu ! elle nous etouffe.

C’est ce que je vous dis là
et ma hardiesse de vous le dire
qu’il faut que vous me pardon-
-niez : quand à ma maladie
elle m’excuse du reste auprès de
vous.

vous voyez quels projets

 

Page 3

 

je puis former. Je devais
aller aux eaux, mais je ne
pourrais pas seulement
monter en voiture.

Mille respects à vos
amis qui ont eu tant de bontés
pour moi et particulièrement à Me.
la Mse de la Grange, quant
à vous je vous embrasse et
vous regrette bien.

Eug Delacroix

M. Andrieu le peintre dont je
vous ai parlé est etabli au
Mans où il peint une eglise.
Je n’ose à mon bien grand
regret vous donner de certitude
à cet egard.

 

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