Ce 10 décembre [février] 1859¹

 

Cher et bon cousin,

 

Je me fais bien des reproches de ne vous avoir pas donné de mes nouvelles et de vous avoir causé de l’inquiétude. Depuis que je vous ai écrit, j’ai été effectivement plus souffrant et même, je suis resté un mois entier et plus, sans travailler. Cette crise, survenue après un temps assez long de bonne santé pendant lequel j’avais travaillé trop peut-être, ne sera peut-être qu’une espèce de renouvellement nécessaire. Le fait est que je suis très bien à présent, que depuis huit jours je suis rentré dans mon atelier et que j’ai à peu près repris mes habitudes. C’est donc à moi à présent à vous recommander la prudence et à vous prier de veiller sur vous. Heureusement que la saison n’est pas très rigoureuse : c’est une garantie contre notre plus grand ennemi.

Je pense bien souvent dans ma solitude à votre bonne et sincère amitié. Chaque pas qu’on fait dans la vie est un désenchantement : avec un homme tel que vous près de moi, je me sentirais plus calme pour prendre mon parti de tout ce que je vois.

Je vous réitère mes recommandations pour votre santé. Je forme de mon côté beaucoup de projets pour veiller sur moi-même. J’ai tant de travail arriéré que je ne sais comment j’aurai le temps d’y suffire. Écrivez-moi ; je ne serai pas, j’espère, si longtemps à vous répondre.

Je vous embrasse de tout cœur.

Eugène Delacroix

Jenny vous remercie bien respectueusement de votre souvenir. Sa santé est un peu meilleure.

 

 

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¹ La graphie du mot décembre est sans conteste de Delacroix. Le mot février est écrit de la même main que celle qui a classé le manuscrit 238. La lettre ne fournit pas d’indications précises accréditant une nouvelle date et Joubin ne justifie pas l’acceptation du mois de février. En conséquence, on conserve la datation du 10 décembre 1859.

 

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Ce 10 decembre
février 1859.

Cher et bon cousin,

 

Je me fais bien des
reproches de ne vous avoir pas
donné de mes nouvelles et de
vous avoir causé de l’inquietude.
Depuis que je vous ai ecrit, j’ai
eté effectivement plus souffrant
et même, je suis resté un mois
entier et plus, sans travailler.
Cette crise, survenue après [mot barré illisible]
un temps assez long de bonne
santé pendant lequel j’avais
travaillé trop peut être, ne
sera peut être qu’une espece de
renouvellement nécessaire. Le
fait est que je suis très bien
à présent, que depuis huit jours

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je suis rentré dans mon
atelier et que j’ai a peu près
repris mes habitudes. C’est donc
à moi à présent à vous recom-
-mander la prudence et à vous
prier de veiller sur vous. heu-
-reusement que la saison n’est
pas très rigoureuse : c’est une
garantie contre notre plus grand
ennemi.

Je pense bien souvent dans
ma solitude à votre bonne
et sincère amitié. chaque pas
qu’on fait dans la vie est un
désenchantement : avec un
homme tel que vous près de moi,
je me sentirais plus calme pour
prendre mon parti de tout ce
que je vois.

Je vous réitere mes recomman-
-dations pour votre santé. Je forme

 

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de mon coté beaucoup de
projets pour veiller sur
moi même. J’ai tant de
travail arrieré que je ne
scais comment j’aurai le
temps d’y suffire. Ecrivez moi ;
je ne serai pas, j’espere si longtemps
à vous repondre.

Je vous embrasse de tout
cœur

EugDelacroix

Jenny vous remercie bien
respectueusement de votre souve-
-nir. Sa santé est un peu
meilleure.