Ce 28

Cher cousin, je reçois à l’instant votre lettre du 27, mais je n’ai pas reçu celle du 24, ce qui m’étonne beaucoup. Je regrette que, dans la dernière, vous ne m’ayez pas relaté succinctement votre résolution à l’égard de la demande, pour m’informer si votre état de services est parvenu à la Grande Chancellerie¹. Il faut que je voie le secrétaire général, qui me demandera de nouveau votre demande ou la mienne. Écrivez-moi donc tout cela.

Je n’avais point commis d’erreur en vous parlant du garde des Sceaux : vous n’ignorez pas qu’on nomme ainsi le ministre de la Justice, qui est M. Delangle. Il m’a promis de faire examiner vos services et je ne doute pas, par la manière dont il m’a reçu, qu’il ne soit très favorable. Quant à l’époque où la décoration pourrait être accordée, loin qu’il y ait de possibilité pour le premier de l’an, il ne me la fait entrevoir que pour un avenir reculé : voilà une mauvaise chance contre laquelle il est difficile de s’inscrire. Le bon ou le mauvais vouloir du grand chancelier² ser[a] probablement tout dans la décision et vous dites très bien que c’est un homme intraitable. Je ferai de mon mieux dans la demande écrite que je lui adresserai.

Vous êtes mille fois trop bon de m’envoyer encore un pâté : mais enfin je vous en remercie. Jenny, que j’ai oubliée dans ma dernière lettre, vous envoie ses respects pour la nouvelle année et ses vœux sincères, qu’elle joint aux miens, pour votre santé.

Mille respects de ma part à M. le président Gérard³, M. Reincker⁴, M. et Mme Fix⁵, si vous en trouvez l’occasion.

Je vous embrasse encore, cher et respectable ami.

Eugène Delacroix

 

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¹ Pour la croix de la Légion d’honneur.
² Aimable-Jean-Jacques Pélissier, duc de Malakoff. Voir à ce sujet la lettre du 13 décembre 1859 (note 3), la lettre du 15 décembre 1859 (note 2).
³ Voir la lettre du 17 octobre 1859, la lettre du 13 décembre 1859 (note 2), la lettre du 15 décembre 1859 (note 3). 
⁴ Voir la lettre du 17 octobre 1859 (note 5).
⁵ Voir la lettre du 17 octobre 1859 (note 3).

 

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Ce 28.

Cher cousin, je recois à
l’instant votre lettre du 27, mais
je n’ai pas reçu celle du 24, ce qui
m’étonne beaucoup. Je regrette que
dans la dernière vous ne m’ayez
pas relaté succinctement votre reso-
-lution à l’égard de la demande. pour
m’informer si votre etat de services
est parvenu à la gde chancellerie
il faut que je voie le secretaire gl
qui me demandera de nouveau
votre demande ou la mienne.
ecrivez moi donc tout cela.

Je n’avais point commis d’erreur
en vous parlant du garde des Sceaux :
vous n’ignorez pas qu’on nomme ainsi
le Ministre de la justice qui est
Mr Delangle. Il m’a promis de faire
examiner vos services et je ne doute
pas, par la maniere dont il m’a

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reçu qu’il ne soit très favorable :
quant à l’epoque où la décoration
pourrait être accordée, loin [mot interlinéaire] [mot barré illisible] qu’il
y ait de possibilité pour le premier
de l’an il ne me la fait entrevoir
que pour un avenir recule : voila
une mauvaise chance contre
laquelle il est difficile de s’inscrire.
Le bon ou le mauvais vouloir du
gd chancelier seront probablement
tout dans la décision et vous dites
très bien que c’est un homme intrai-
-table. Je ferai de mon mieux dans
la demande écrite que je lui
adresserai.

Vous êtes mille fois trop bon
de m’envoyer encore un paté :
mais enfin je vous en remercie.
Jenny que j’ai oublié dans ma
dernière lettre vous envoie ses respects
pour la nouvelle année et ses
vœux sincères qu’elle joint aux miens

 

 

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pour votre santé.

Mille respects de ma part
à Mr le President Gerard, Mr
Reineke, Mr et Mad. Fix
si vous en trouvez l’occasion.

Je vous embrasse encore
cher et respectable ami.

EugDelacroix