Lettre à Guillaume Auguste Lamey, 18 avril 1860

  • Cote de la lettre ED-IN-1860-AVR-18-A
  • Auteur Eugène DELACROIX
  • Destinataire Guillaume-Auguste LAMEY
  • Date 18 Avril 1860
  • Lieux de conservation Paris, bibliothèque de l'INHA, collections Jacques Doucet
  • Éditions précédentes Joubin, Correspondance générale, 1936-38
    , t. IV, p. 168-169.
  • Enveloppe Non
  • Nombre de pages écrites 3
  • Présence d’un croquis Non
  • Dimension en cm 20,7x26,2
  • Cachet de cire Non
  • Nature du document Lettre Autographe Signée
  • Cote musée bibliothèque Ms. 238 pièce 65
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Transcription modernisée

 

Ce 18 avril 1860

Cher cousin,

 

J’ai demandé à M. Delangle1 une audience et je l’ai obtenue aussitôt. Je viens avec beaucoup de regret vous en apprendre le résultat. Les notes qui existent au ministère de la Justice et qu’il a fait examiner avec la plus grande attention et, m’a-t-il assuré, dans des dispositions telles que je pouvais le souhaiter, ne vous sont pas assez favorables pour qu’il lui soit possible de vous présenter pour la décoration. Je ne puis supposer que des personnes mal disposées pour vous aient contribué à faire des rapports contraires sur vos services. Je pense, je crois avec raison, que vos opinions connues pour être libérales de tout temps ont pu avoir cette influence ; l’esprit d’indépendance a toujours paru à tous les gouvernements une mauvaise recommandation et, bien que cette fixité dans vos opinions puisse vous honorer, elle ne peut être un titre à la faveur. Je ne puis dire néanmoins que M. Delangle m’ait rien donné à entendre dans ce sens ; mais enfin son refus est complet, malgré une inclination que je crois sincère à m’obliger. Il lui a paru, comme à moi, inconcevable qu’il n’ait pas été possible d’après toutes les recherches de trouver trace de la première lettre du préfet : une telle démarche de la part d’un administrateur, demandant la décoration pour un homme notable de son département, n’est pas un acte ordinaire et qui puisse passer inaperçu. J’ai pour mon compte la conviction que la lettre n’a jamais existé et malheureusement, elle aurait été un moyen d’agir auprès du ministre et eût été du plus grand poids.

Je vois avec bien du chagrin que tant de démarches et toutes les espérances que vous avez pu légitimement concevoir n’[ont] pas abouti au résultat que je souhaitais comme vous. Pardonnez-moi, mon cher cousin, de vous affliger et [croyez] à ces regrets bien sincères que je vous exprime.

Votre bien dévoué,

Eugène Delacroix


1 Le ministre de la Justice. Voir la lettre du 22 mars 1860 (note 5).

 

 

Transcription originale

Page 1

 

Ce 18 avril 1860 -

Cher cousin,

 

J’ai demandé à Mr Delangle
une audience et je l’ai obtenue aussitot ;
je viens avec beaucoup de regret vous en
apprendre le resultat. Les notes qui existent
au Ministère de la justice et qu’il a fait
examiner avec la plus grande attention
et, m’a t’il assuré, dans des dispositions
telles que je pouvais le souhaiter, ne vous sont
pas assez favorables pour qu’il lui soit possible
de vous présenter pour la décoration. Je
ne puis supposer que des personnes mal
disposées pour vous aient contribué à faire
des rapports contraires sur vos services. Je
pense, je crois avec raison, que vos opinions
connues pour etre liberales de tout temps
ont pu avoir cette influence : l’esprit
d’independance a toujours paru à tous les
gouvernements une mauvaise recommanda-
-tion, et bien que cette fixité dans vos opinions

 

Page 2

 

puisse vous honorer, elle ne peut
etre un titre à la faveur. Je ne
puis dire néanmoins que Mr
Delangle m’ait rien donné à entendre
dans ce sens : mais enfin son refus
est complet, malgré une inclination
que je crois sincere à m’obliger. Il lui
a paru comme à moi inconcevable
qu’il n’ait pas été possible d’apres toutes
les recherches de trouver trace de la
première lettre du prefet : Une telle
demarche de la part d’un administrateur,
demandant la decoration pour un
homme notable de son departement n’est
pas un acte ordinaire et qui puisse
passer inapperçu. J’ai pour mon compte
la conviction que [mot barré illisible] la lettre n’a jamais
existé et malheureusement, elle aurait eté
un moyen d’agir auprès du ministre et
eut eté du plus grand poids.

Je vois avec bien du chagrin que
tant de démarches et toutes les esperances
que vous avez pu legitimement concevoir

 

Page 3

 

n’aient pas abouti au resultat
que je souhaitais comme vous. Par-
-donnez moi, mon cher cousin, de vous
affliger et de croire à ces regrets
bien sinceres que je vous exprime.

Votre bien devoué

EugDelacroix

 

 

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