Lettre à Guillaume Auguste Lamey, 26 décembre 1860

  • Cote de la lettre ED-IN-1860-DEC-26-A
  • Auteur Eugène DELACROIX
  • Destinataire Guillaume-Auguste LAMEY
  • Date 26 Décembre 18[60]
  • Lieux de conservation Paris, bibliothèque de l'INHA, collections Jacques Doucet
  • Éditions précédentes Joubin, Correspondance générale, 1936-38
    , t. IV, p. 220-221.
  • Enveloppe Non
  • Nombre de pages écrites 3
  • Présence d’un croquis Non
  • Dimension en cm 20,7x26,4
  • Cachet de cire Non
  • Nature du document Lettre Autographe Signée
  • Cote musée bibliothèque Ms. 238 pièce 72
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Transcription modernisée

 

Ce 26 décembre 18601

 

Cher et respectable ami,

Je reçois votre excellente lettre, qui a prévenu la mienne d’une manière si aimable. Vous avez raison : nous ne pouvons mieux finir l’année qu’en faisant des vœux mutuels pour notre bonheur ; je vous adresse du fond du cœur ceux que je forme pour le contentement de votre esprit et sur votre santé.

Je suis toujours plongé dans mon travail2. Je vis à Paris comme si j’étais au fond de la Sibérie : je ne vois personne, ni soirées, ni dîners, ni visites, j’y gagne de la santé, qui est mon seul moyen d’achever. Quand aurai-je terminé ? Vous savez ce que c’est que la fin d’une œuvre. En somme cela gagne chaque jour et, si Dieu y consent, je ne tarderai pas à signer mon monument.

Je suis très heureux pour votre famille du mariage que vous m’annoncez. Madame votre belle-sœur aura ainsi toute satisfaction dans ses enfants : je vous prie de la complimenter pour moi et de lui faire agréer mes hommages.

Vous me demandez quand je viendrai à Strasbourg ? Ce serait bientôt, si j’écoutais mon désir : mais quant à présent, il est bien difficile d’en préciser l’époque, que je tâcherai de rendre aussi rapprochée que possible.

Je suis enchanté de votre bonne santé. Je dois assurément la mienne au mouvement que je fais et à l’habitude que j’ai contractée de sortir en tout temps. Je suis beaucoup moins frileux et m’en trouve bien. J’ai souvent à quereller avec mon estomac. C’est le tyran de la république : ses caprices me gouvernent entièrement.

Je vous embrasse, cher ami et bon cousin, avec la plus vive tendresse.

Eugène Delacroix

Jenny vous prie bien d’agréer ses très humbles respects.


1 Avec justesse, Joubin date la lettre de 1860, et non de 1861 comme l’écrit l’artiste, car Guillaume-Auguste Lamey décède le 24 janvier 1861. 
2 Le décor de la chapelle des Saints-Anges à l’église Saint-Sulpice.

Transcription originale

Page 1

 

Ce 26 decembre
1861

Cher et respectable ami,

Je reçois votre excel-
-lente lettre qui a prevenu la mienne
d’une maniere si aimable. Vous
avez raison : nous ne pouvons mieux
finir l’année [mot barré illisible] qu’en faisant
des vœux mutuels pour notre
bonheur : je vous adresse du fond
du cœur, ceux que je forme pour le
contentement de votre esprit et
sur votre santé.

Je suis toujours plongé dans mon
travail. Je vis à Paris comme si
j’etais au fond de la Siberie : je
ne vois personne, ni soirées, ni
diners, ni visites, j’y gagne de


 

Page 2

 

la santé qui est mon seul
moyen d’achever. Quand aurai je
terminé ? Vous savez ce que
c’est que la fin d’une œuvre.
en somme cela gagne chaque
jour et si Dieu y consent, je
ne tarderai pas à signer mon
monument.

Je suis très heureux pour
votre famille du mariage que
vous m’annoncez. Madame
votre belle sœur aura ainsi toute
satisfaction dans ses enfants :
je vous prie de la complimenter
pour moi et de lui faire agreer
mes hommages.

Vous me demandez quand je
viendrai à Strasbourg ? ce serait
bientot si j’ecoutais mon desir :

 

Page 3

 

mais quant à présent il est bien
difficile d’en preciser l’epoque que
je tacherai de rendre aussi
rapprochée que possible.

Je suis enchanté de votre
bonne santé. Je dois assurê-
-ment la mienne au mouvement
que je fais et à l’habitude que
j’ai contractée de sortir en
tout temps. Je suis beaucoup
moins frileux et m’en trouve
bien. J’ai souvent à querelle
avec mon estomac. C’est le
tyran de la republique : ses caprices
me gouvernent entierement.

Je vous embrasse cher ami
et bon cousin avec la plus vive
tendresse.

EugDelacroix

Jenny vous prie bien d’agreer ses
tres humbles respects.

 

 

 

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