Lettre à Paul Huet, 13 octobre 1858

  • Cote de la lettre ED-MD-1858-OCT-13-A
  • Auteur Eugène DELACROIX
  • Destinataire Paul HUET
  • Date 13 Octobre 1858
  • Éditions précédentes René-Paul Huet, Paul Huet (1803-1869) d’après ses notes, sa correspondance, ses contemporains, Documents recueillis et précédés d’une notice bibliographique par son fils, Paris, Librairie Renouard-H. Laurens, 1911, p. 253, .
  • Enveloppe Non
  • Nombre de pages écrites 3
  • Présence d’un croquis Non
  • Format in - 8°
  • Dimension en cm 20,5x26,3
  • Cachet de cire Non
  • Nature du document Lettre Autographe Signée
  • Cote musée bibliothèque MD 2004-17
  • Données matérielles pliée en 3
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Transcription modernisée

Ce 13 octobre 1858

Mon cher ami,

Vous faites confusion dans le souvenir qui a pu vous rester de mon procédé pour mater. J’emploie tout simplement de la cire et de l’essence rectifiée fondues ensemble à froid ou au bain-marie : mais, chose essentielle, j’ai ce mélange sur ma palette au moment où je peins et j’en prends à chaque touche pour mêler aux tons ordinaires. Vous n’obtenez aucun effet ou plutôt un effet très désagréable quand vous passez cette drogue sur le tableau achevé. Haro a une espèce de cire qu’il passe sur les tableaux pour les mater après coup : mais ce procédé mate très inégalement, de sorte que vous n’obtenez plus, même en plus faible, l’effet de votre tableau. Vous concevez que si, en peignant, vous matez vous-même, vous tenez compte dans l’exécution des couleurs qui perdent plus que les autres à être matées et vous les renforcez en conséquence. L’opération faite ensuite donne un très mauvais résultat et je vous en parle pour l’avoir essayé.

A votre place, je vernirais mes tableaux : ils valent bien la peine qu’on cherche le jour pour les voir. Autrement, vous aurez un résultat louche et qui ne sera avantageux ni pour vous ni pour les personnes qui possèdent vos tableaux.

J’espère que le séjour que vous faites à la campagne vous fait du bien : pour moi, c’est mon grand remède. Maintenant je suis très occupé de ma chapelle Saint-Sulpice qui avance et ne me fatigue pas autant que je l’aurais cru.

Adieu mon cher ami, recevez l’expression de mon sincère dévouement.

Eug. Delacroix

 

Transcription originale

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Ce 13 oct. 1858

 

Mon cher ami,

Vous faites confusion dans le
souvenir qui a pu vous rester de
mon procedé pour mater. J’emploie
tout simplement de la cire et de
l’essence rectifiée fondues ensemble
à froid ou au bain marie : mais,
chose essentielle, j’ai ce mélange
sur ma palette au moment où
je peins et j’en prends à chaque
touche pour meler aux tons ordin-
-aires. Vous n’obtenez aucun
effet ou plutot un effet très désa-
-greable quand vous passez cette
drogue sur le tableau achevé.
Haro a une espece de cire qu’il
passe sur les tableaux pour les mater

 

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après coup : mais ce procedé
mate très inegalement de sorte
que vous n’obtenez plus, même en
plus faible, l’effet de votre tableau.
Vous concevez que si, en peignant,
vous matez vous même,
vous tenez compte dans l’execution des
couleurs qui perdent plus que
les autres à être matées et vous
les renforcez en consequence. l’ope-
-ration faite ensuite donne un
très mauvais résultat et je vous
en parle pour l’avoir essayé.

à votre place, je vernirais
mes tableaux : ils valent bien
la peine qu’on cherche le jour
pour les voir : autrement vous
aurez un resultat louche et
qui ne sera avantageux ni pour

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vous ni pour les personnes qui
possedent vos tableaux.

J’espere que le sejour que
vous faites à la campagne vous
fait du bien : pour moi, c’est
mon grand remède. mainte-
-nant je suis très occupé de
ma chapelle St Sulpice qui
avance et ne me fatigue pas
autant que je l’aurais cru.

Adieu mon cher ami,
recevez l’expression de mon
bien sincere dévouement.

Eug. Delacroix

 

 

 

 

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