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Biographie de INGRES Jean-Auguste-Dominique (1780-1867)

Peintre français.

Né à Montauban (Tarn-et-Garonne), Jean-Auguste-Dominique Ingres voit ses penchants artistiques encouragés par son père, Jean-Marie-Joseph-Ingres (1755-1814), lui-même peintre, sculpteur et musicien. Commençant par étudier le violon et le dessin, Ingres poursuit sa formation à l’Académie des arts de Toulouse à partir de 1791, où il est l’élève de Guillaume-Joseph Roques (1754-1847). Grâce aux recommandations de ce dernier, il entre en 1797 dans l’atelier de Jacques-Louis David à Paris. Il remporte le prix de Rome en 1801 avec le tableau Les ambassadeurs d’Agamemnon et des principaux de l’armée des Grecs, précédés des hérauts, arrivent dans la tente d’Achille pour le prier de combattre (École nationale supérieure des Beaux-Arts, Paris) mais ne part pour l’Italie que cinq ans plus tard. Son séjour à la Villa Médicis dure jusqu’en 1810. Il est alors profondément marqué par l’œuvre de Raphaël. Son Napoléon Ier sur le trône impérial (Musée de l’Armée, Paris), présenté au Salon de 1806, de même que ses envois de Rome, notamment Œdipe et le Sphynx (1808, Musée du Louvre, Paris), La Baigneuse (dite Baigneuse de Valpinçon, 1808, Musée du Louvre, Paris) et Jupiter et Thétis (1811, Musée Granet, Aix-en-Provence), sont mal accueillis. Si Ingres, par sa formation davidienne, accorde une place primordiale au dessin, les déformations corporelles auxquelles il soumet ses figures ainsi que le hiératisme qu’il confère à certaines d’entre elles, lui valant notamment le qualificatif de « gothique », sont l’objet de jugements sévères. L’artiste décide de rester à Rome puis s’installe en 1820 à Florence, où il peint Le Vœu de Louis XIII (1821-1824, Cathédrale Notre-Dame, Montauban), œuvre rencontrant un grand succès au Salon de 1824, et marquant le véritable début d’une réception favorable de sa production alors que le peintre revient à Paris. En 1825, il est nommé Chevalier de la Légion d’Honneur, est élu à l’Académie des Beaux-Arts et ouvre son propre atelier. En 1834, nommé directeur de l’Académie de France pour six ans, Ingres repart à Rome. Après son retour en 1841, il continue à être très actif. Tout au long de sa carrière, il s’illustre dans des domaines variés, comme la peinture d’histoire de grand format (Le Martyre de Saint Symphorien, 1834, Cathédrale Saint-Lazare, Autun) et de plus petite taille (Raphaël et la Fornarina, 1814, Fogg Art Museum, Cambridge) ou le nu féminin (La Grande Odalisque, 1814, Musée du Louvre, Paris ; Le Bain turc, 1852-1859, Musée du Louvre, Paris). Son activité de portraitiste lui vaut aussi une grande réputation, depuis les portraits individuels du couple Rivière et de leur fille (1805, Musée du Louvre, Paris) jusqu’à celui de Madame Paul-Sigisbert Moitessier, assise (1856, The National Gallery, Londres), en passant par le célèbre portrait de Louis-François Bertin (1832, Musée du Louvre, Paris). En 1855, la présentation d’une rétrospective de l’œuvre d’Ingres à l’Exposition universelle est un triomphe. Nommé sénateur par Napoléon III en 1862, le peintre meurt en 1867 à l’âge de quatre-vingt-sept ans.

De façon traditionnelle, l’histoire de l’art confronte souvent Ingres et Delacroix, deux figures prépondérantes de la période romantique en France. Au dessin et à la ligne du supposé classicisme d’Ingres s’oppose l’importance conférée à la couleur par Delacroix. Pour certaines œuvres, il est également possible d’évoquer le voyage de Delacroix au Maroc en 1832, faisant passer le peintre d’un Orient imaginaire à un Orient vécu, tandis qu’Ingres s’en tiendra à un Orient d’atelier. Beaucoup d’encre a coulé au sujet d’une concurrence entre les deux artistes, notamment dans le contexte des Salons. En 1824, Ingres expose Le Vœu de Louis XIII et Delacroix ses Scènes des massacres de Scio (Musée du Louvre, Paris). En 1827-1828, la rigueur de L’Apothéose d’Homère (1827, Musée du Louvre, Paris) de l’un fait face à la composition mouvementée de la Mort de Sardanapale (1827, Musée du Louvre, Paris) de l’autre. Pour deux artistes qui n’étaient de toute façon pas de la même génération, il faut cependant prendre garde à la façon dont cette rivalité a été largement exagérée, d’autant plus qu’elle fut surtout mise en exergue au moment de l’Exposition universelle de 1855, alors qu’une rétrospective de l’œuvre de chacun des deux artistes était présentée. Pour une période antérieure, cette opposition est à relativiser. Ainsi, à l’issue du Salon de 1827 par exemple, Delacroix se serait exprimé au sujet de L’Apothéose d’Homère en des termes plutôt flatteurs : « […] je n’ai jamais vu exécution pareille ; c’est fait comme les maîtres, avec rien, et de loin tout y est ». Il n’en reste pas moins que les mots de Delacroix envers l’œuvre de son illustre confrère se durcissent progressivement à partir du milieu des années 1840. Dans une lettre qu’il lui adresse le 16 mars 1846, il n’hésite pas à féliciter Théophile Thoré pour l’article plutôt sévère que celui-ci vient de publier sur Ingres dans Le Constitutionnel. Lorsque les deux artistes sont sollicités pour décorer l’Hôtel de Ville de Paris, Ingres pour le plafond du Salon de l’Empereur et Delacroix pour celui du Salon de la Paix, ils ne peuvent qu’être mis en concurrence par la critique. L’Exposition de 1855 approchant, l’animosité de Delacroix s’affirme encore bien davantage. À l’issue d’une réunion, il écrit le 24 mars 1854 : « Ingres a été pitoyable ; c’est une cervelle toute de travers ; il ne voit qu’un point. C’est comme dans sa peinture ; pas la moindre logique et point d’imagination […] ». Dans une lettre à Frédéric Bourgeois de Mercey, il se plaint le 26 mars 1855 qu’on ne lui fasse de place à l’Exposition dans des salles entièrement attribuées à Ingres et Horace Vernet. Au 15 mai 1855, il note du reste dans son Journal : « J’ai vu l’exposition d’Ingres. Le ridicule dans cette exhibition domine à un grand degré. C’est l’expression complète d’une incomplète intelligence. L’effort et la prétention sont partout. Il ne s’y trouve pas une étincelle de naturel ». Au 1er juin toutefois, il revient quelque peu sur ce jugement, trouvant finalement au peintre « beaucoup de qualités ». Le 1er janvier 1857, après avoir posé sa candidature à l’Institut, Delacroix écrit à Ingres, lui faisant part d’un état de santé ne lui permettant pas de lui rendre visite pour solliciter son suffrage : Ingres ne votera pas pour lui. On pourrait encore évoquer le jugement sévère que Delacroix porte sur le Jésus au milieu des docteurs d’Ingres (1862, Musée Ingres, Montauban) dans une lettre qu’il adresse le 13 juin 1862 à la duchesse Adèle Colonna de Castiglione. Il convient enfin de mentionner qu’Ingres et Delacroix purent défendre de mêmes causes, s’insurgeant par exemple tous deux contre la dispersion de la collection Campana en 1862 (voir lettre de Delacroix à Charles Ernest Beulé du 28 septembre 1862).

Les correspondances associées

  • Lettre à Alexandrine Lamey, 2 juillet 1854

    02 Juillet 18[54] | Eugène DELACROIX | Alexandrine LAMEY | ED-IN-1854-JUIL-02-A

    Adressé à Mme Auguste Lamey à StrabourgEug. Delacroix1   Paris, 2 juillet [1854]2 Bonne et chère cousine,   Votre lettre me rend honteux de ne vous avoir pas prévenue : un des motifs, aussi ridicule que possible, qui m’a fait tarder à vous deman ...

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