Tragédienne française.

Elizabeth Félix, dite Rachel, née en Suisse, arrive en France au début des années 1830, chante dans les rues avec sa sœur Sarah avant de suivre des cours d’art dramatique au Conservatoire de Paris. Elle débute en 1837 au Théâtre du Gymnase dans La Vendéenne de Paul Duport (1798-1866) et entre dès l’année suivante, à l’âge de 17 ans, à la Comédie-Française, où elle interprète d’abord Camille dans Horace de Pierre Corneille. S’illustrant en particulier dans les grandes tragédies classiques, triomphant notamment en 1843 dans Phèdre de Jean Racine, elle connait un succès croissant et devient l’une des actrices les plus adulées de son temps.

Delacroix est en contact assez tôt avec Rachel : celle-ci pose vers 1838 pour la Sibylle de Cumes (ou Sibylle au rameau d’or, vers 1838, exposé au Salon de 1845, New York, Wildenstein & Co.) et le peintre pourrait bien l’avoir également représentée dans Cléopâtre (ou Cléopâtre et le paysan, 1838, exposé au Salon de 1839, Chapel Hill, Ackland Memorial Art Center) à la même époque (Jobert, 1997, p. 250). Il la voit sur scène, la fréquente et fait partie de ses admirateurs. A la suite d’un dîner en sa compagnie, il note le 4 avril 1849 dans son Journal : « Rachel est spirituelle et fort bien de toutes manières. Un homme né et élevé comme elle serait difficilement devenu ce qu’elle est tout naturellement ». Quelques mois plus tard, dans une lettre adressée à George Sand le 10 décembre 1849, il regrette l’hésitation de l’actrice à jouer Charlotte Corday de François Ponsard, considérant alors que « la fameuse tragédienne devient une bécasse ». A la suite du décès de Rachel début 1858, le peintre semble quelque peu affecté, notant le 3 mars dans son Journal : « Je lis en rentrant les lettres de Mlle Rachel ».