Cousine de Delacroix. Amante, amie.

Joséphine de Lavalette est née le 1er avril 1802 d’Antoine-Marie Chamans, comte de Lavalette, directeur des postes impériales, et d’Emilie-Louise de Beauharnais, nièce de Joséphine de Beauharnais, la première épouse de l’Empereur Napoléon I^er.
Joséphine, filleule de l’impératrice Joséphine, est une cousine éloignée de Delacroix de quatre ans sa cadette.
En décembre 1815, à l’âge de 13 ans, elle participe avec sa mère à l’évasion de son père, condamné à mort.
Elle épouse très tôt, en 1817, le baron Tony de Forget, jeune auditeur au Conseil d’Etat.

Dès le début des années 1830, Delacroix courtise sa cousine, dont il fit sans doute connaissance par l’intermédiaire de son ami d’enfance Cuvillier-Fleury, alors amant de Mme de Forget, dont elle eut selon Joubin une fille en 1833. En 1836, une noyade emporte son mari, dont elle était séparée, et son fils cadet. Cet accident laisse Joséphine veuve à 34 ans avec ses deux autres fils, Eugène et Emilien.
La baronne apparaît pour la première fois dans la correspondance du peintre en novembre 1833 (23 novembre 1833), peu de temps avant qu’ils ne deviennent amants, au milieu des années 1830.
Il entretient avec sa Consuelo (sa Consolatrice) – surnom donné dans la correspondance amoureuse – une relation épistolaire suivie, et ce jusqu’à sa mort en 1863. Cependant une partie des lettres, entre février 1834 et juillet 1844, a été détruite par les exécuteurs testamentaires.
Toute sa vie, Delacroix garde une amitié et un attachement sincères pour sa cousine Joséphine. Dans deux lettres de 1853 rédigées depuis Champrosay, sa maison de campagne, Delacroix lui écrit : « Je retournerai dans cette ville du diable [Paris], où vous êtes à peu près la seule personne que j’y retrouve avec plaisir » (16 mai 1853), « rien, excepté vous, ne m’attire à Paris » (29 mai 1853).
L’artiste passe avec elle de nombreuses soirées. Le Journal mentionne des dîners réguliers chez la baronne (souvent citée par l’initiale de son prénom, « J. ») entre 1847 et 1858. Cette dernière l’introduit dans les salons artistiques et mondains parisiens et dans le cercle impérial. Ils vont à l’opéra dans la loge du président Louis-Napoléon Bonaparte (voir le Journal en février et avril 1849). La baronne avait rendu visite à ce dernier au fort de Ham (Picardie) où il était emprisonné de 1840 à 1846, et l’avait hébergé à son retour à Paris en 1848.
Par l’intermédiaire de sa cousine, Delacroix obtient des commandes de peinture. Elle le soutient dans sa candidature à l’Institut de France (à partir de 1837) où il est élu tardivement en 1857. Elle l’encourage également, comme ses amis les Cavé, à prendre, au milieu du siècle, la direction du musée du Louvre ou de la manufacture des Gobelins ; ce projet n’aboutira pas.

Il existe plusieurs portraits de Joséphine de Forget parmi lesquels un portrait à la mine de plomb de Delacroix (Etude pour Jenny Le Guillou et Joséphine de Forget, musée Boijmans van Beuningen de Rotterdam ; n.d.). Un portrait sur toile peint par Horace Vernet est conservé au musée des Beaux-Arts de Blois (n.d.). Un médaillon en bronze figurant Joséphine de profil est exécuté par David d’Angers en 1847 (musée du Louvre).