Avocat, homme politique ; père d’Eugène Delacroix.

Né à Givry-en-Argonne (Marne) en avril 1741, il est l’aîné des huit enfants de Claude Delacroix, ancien régisseur des comtes de Belval-en-Argonne, et de Marguerite, Louise Flise.
Avocat de formation, il est choisi en 1771 par Turgot comme premier secrétaire de l’intendance de Limoges. Promu secrétaire général de la Marine, lorsque Turgot en est nommé ministre, et premier commis du même lorsqu’il devient contrôleur général des finances.
En 1782, Charles achète le domaine seigneurial de Contault (Marne) – dont il prend le nom – et acquiert en 1786 les charges de maire en la justice royale de Contault et de Charmont (Marne). Il est élu administrateur de la Marne en 1790, puis député de ce département à la Convention nationale le 3 septembre 1792. À ce titre, il signe l’acte d’abolition de la royauté du 20 septembre et vote la mort du roi Louis XVI le 15 janvier 1793. Début novembre 1795, sous le Directoire, il est nommé ministre des Relations extérieures, et ce jusqu’à l’été 1797, où il est remplacé par Talleyrand. De novembre 1797 à juin 1798, il est envoyé par ce dernier en République batave (futur Royaume de Hollande) en tant qu’ambassadeur. Après la réforme administrative du territoire engagée par Napoléon Bonaparte (loi du 28 pluviôse an VIII - 17 février 1800), Charles Delacroix, rallié au Premier Consul, est nommé préfet du département des Bouches-du-Rhône en mars 1800, puis de la Gironde en avril 1803. Il meurt dans cette dernière fonction en novembre 1805, à Bordeaux. Il y est inhumé, comme plus tard son fils aîné, Charles-Henry, au cimetière de la Chartreuse.
Peu de temps avant sa mort, il avait été promu au grade de commandeur de la Légion d’honneur le 14 juin 1804.

En 1778, Charles Delacroix avait épousé Victoire Oeben (1758-1814), fille d’un ébéniste du roi Louis XV, avec qui il eut quatre enfants : Charles-Henry, l’aîné, Henriette, Henri et Eugène, le dernier-né.
Le musée Delacroix conserve deux médaillons en plâtre, figurant Charles et Victoire Delacroix – seuls portraits connus des parents d’Eugène –, tous deux réalisés par le sculpteur lyonnais Joseph Chinard, vers 1821.

Le père d’Eugène apparaît ponctuellement dans ses écrits. Le 12 septembre 1822, il note dans son Journal « Nous avons parlé ce soir [avec l’oncle Riesener notamment] de mon digne père ». Au 22 mai 1854, il y relate que Berryer lui a lu des passages de manuscrits dans lesquels son père rapporte comment Charles Delacroix l’a défendu face à une dénonciation calomnieuse. Enfin à la mort de son frère Charles-Henry, fin décembre 1845, Eugène charge Alexis Roché de faire réaliser un monument couronné du buste de son père dans le cimetière bordelais de la Chartreuse où il venait d’acheter une concession afin de « réunir ces deux belles mémoires » (voir à ce sujet lettres à Mme de Forget et à George Sand, 8 et 25 janvier 1846 ; lettre à Alexis Roché, 15 février 1846).