Lettre à George Sand, mai 1843

  • Cote de la lettre ED-IN-1843-MAI-XX-A
  • Auteur Eugène DELACROIX
  • Destinataire George SAND
  • Lieux de conservation Paris, bibliothèque de l'INHA, collections Jacques Doucet
  • Éditions précédentes L’Art vivant, 1er septembre 1930, p. 705. Joubin, Corr. gén, t. II, p. 98. Alexandre, 2005, p. 134-135.
  • Enveloppe Non
  • Nombre de pages écrites 1
  • Présence d’un croquis Non
  • Dimension en cm 20,6x26,8
  • Cachet de cire Non
  • Nature du document Lettre Autographe Signée
  • Cote musée bibliothèque Ms. 236 pièce 27
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Transcription modernisée

Chère amie, je vous aime et vous prie bien de m’aimer, quoique je ne vous vois pas et bien malgré moi. D’abord je suis tantôt bien, tantôt tout à fait bas ; j’ai fait la sottise de me laisser prendre à deux ou trois soirées où je n’ai eu que de la fatigue, qui a influé sur le reste de mes journées. Toutes les fois que je veille, je suis tout à plat pour deux jours et obligé de passer mon temps, le soir qui suit, au coin de mon feu. Donnez de vos nouvelles à mon page, puisque Maurice n’est pas là pour m’en donner, et je vous embrasse mille fois de cœur, de corps, de volonté, enfin de tout ce que vous me permettez.

Eugène Delacroix

Écrit avec une maudite plume en fer qui me désole. Donnez-moi un mot des nouvelles de Chopin ou plutôt dites cela simplement si on vous trouve.

Vendredi matin.

 

[Ajout en haut de la lettre]
J’apprends que vous avez fait de nouvelles merveilles dans Consuelo1. Mon cœur s’en réjouit autant que mon esprit.


1 Le roman Consuelo paraissait par livraisons depuis février 1842 dans La Revue indépendante, revue fondée en 1841 par George Sand, son ami philosophe Pierre Leroux (1797-1871) et Louis Viardot (1800-1883).
Joubin indique que Consuelo avait commencé à paraître en avril 1842 (t.II, p. 98, n. 1) et date donc la lettre de ce mois-ci. Françoise Alexandre indique que l’allusion à l’absence de Maurice à Paris exclut cette date, et se réfère plutôt à mai 1843, lorsque Maurice descend dans le midi avec son oncle Hippolyte Chatiron, ce que viendrait confirmer la fatigue évoquée par Delacroix (Alexandre, 2005, p. 245, n. 5 de la page 134).

Transcription originale

Page 1

j’apprends que vous avez fait de nouvelles
merveilles dans Consuelo. Mon cœur s’en rejouit autant que mon
esprit

 

Chère amie, je vous aime et vous prie
bien de m’aimer quoique je ne vous voie pas
et bien malgré moi. D’abord je suis tantot
bien, tantot tout à fait bas : j’ai fait
la sottise de me laisser prendre à deux ou
trois soirées où je n’ai eu que de la fatigue
qui a influé sur le reste de mes journées.
toutes les fois que je veille, je suis tout à
plat pour deux jours et obligé de passer
mon temps le soir qui suit au coin de
mon feu. Donnez de vos nouvelles à mon
page puisque Maurice n’est pas là pour m’en
donner et je vous embrasse mille fois de
cœur, de corps, de volonté enfin de tout ce que
vous me permettez.

Eugdelacroix

ecrit avec une maudite plume en fer qui
me desole. donnez moi un mot des nouvelles de
Chopin ou plutot dites Cela simplement si on
vous trouve.

vendredi matin

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